Maman solo... la semaine

Publié le par Raphaëlle Hosteins

Je devrais me coucher, je le sais tout comme je sais que le réveil va être douloureux (mais ça c’est juste comme d’habitude parce que c’est franchement mon moment pas préféré de la journée). Je devrais me coucher, mais je n’y arrive pas.

Je sors de l’entrainement alors c’est peut-être l’adrénaline ? Je traine, je regarde mon téléphone et toutes ses merveilleuses applications qui ne m’intéressent pourtant pas plus que ça, là tout de suite. Et mes yeux piquent. Je clignote déjà mais je traine.

Et c’est peut-être parce que personne ne m’attend au lit. Ben oui ! Si chéri était là, à ronfler tranquillement et à chauffer le lit, je bougerais mes fesses, j’irais me doucher et je me coucherais contre lui. Je le pousserais une fois ou deux, je râlerais pour qu’il cesse son bavardage nasal et je m’endormirais enfin.

Mais il n’est pas là car c’est la semaine. Et depuis plus de 16 ans, il n’est jamais à la maison la semaine, ou presque.

C’était le 15 avril 2002. La veille de mon anniversaire, il a commencé un nouveau travail à Toulouse. J’ai pleuré. J’en étais sincèrement malheureuse. J’étais si dépendante de lui, moi la timide qui avait quitté sa Bretagne et sa famille pour le rejoindre à Bordeaux ! Et il me laissait seule. Il m’abandonnait.

J’ai trouvé cette situation très douloureuse et il m’a fallu du temps pour m’y faire. Pas le choix, n’est-ce pas ? Alors j’ai appris à être plus indépendante. J’ai appris à vivre sans lui et à apprécier son retour. Et il a appris à être plus présent avec moi quand il était là. Et j’ai dû apprendre aussi (surtout ?) à ne pas imaginer le pire : l’accident, l’infidélité… Tout pouvait arriver, lui si loin de moi. M’inquiéter ne faisait pourtant que pourrir nos relations.

Et c’est ainsi que nous avons construit notre couple et notre vie de famille. Alors oui, c’est parfois difficile de tout gérer seule. Pour moi, qui dois courir partout, anticiper, planifier, réparer, gronder… Et pour lui, impuissant face à ma détresse des jours plus sombres.

Beaucoup de gens s’étonnent de notre mode de vie. Ils me plaignent, compatissent. Et nombre d’entre eux pensent qu’ils n’y arriveraient pas, eux à ma place. « Je sais pas comment tu fais… ». Je fais comme vous ! Je fais ce que je peux. Je tombe et je me relève. Je ne lâche pas, jamais, mais je plie souvent.

Mais je vais vous dire : je suis seule mais soutenue. Et quand chéri est présent, il l’est à 100%. Nous connaissons tous ces hommes qui vivent quotidiennement près de leur femme et de leurs enfants et qui ne s’en occupent pas vraiment. Le mien est solide et investi. Et je préfère un époux-père réellement présent 2 ou 3 jours par semaine qu’un macho-géniteur qui squatte jour après jour.

Et je vais même vous dire mieux : si chéri n’était pas parti, lui comme moi doutons que notre couple aurait duré. Son absence hebdomadaire a renforcé notre couple, elle l’a même sauvé. Et ce sacrifice  (car je l’avoue quand même, nous préférerions vivre ensemble et nous avons adoré notre parenthèse guadeloupéenne où il rentrait chaque soir auprès de nous 4), ce sacrifice donc, a permis à mon homme de s’épanouir professionnellement et à nous de profiter d’une vie confortable.

Et pour conclure, sortez les violons, j’écrirais ce que je ne lui dis pas souvent, voire jamais : chéri, je suis fière de ton parcours, je suis fière de toi. Je t’aime.

Et maintenant il est vraiment hyper tard. Je vous laisse donc car il faut absolument que j’aille m’enrouler dans la couette, chaussettes au pied (ben oui, ma bouillotte n’est pas là je vous dis) sinon je ne me lèverai jamais demain !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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