Malgré le bonheur... un jour sans

Publié le par Raphaëlle Hosteins

Ce n’est pas le premier et ce ne sera certainement pas le dernier. Un jour sans. Un jour où le moindre petit tracas devient source de stress et l’accumulation un trop-plein.

 

Pourtant tout va bien !

Toujours le même discours que je me tiens à moi-même. Le seul qui vaille ? Celui qu’on n’hésite pas à me rabâcher aussi d’ailleurs. Oui, mes enfants vont bien. Ils font mon bonheur, vraiment.

Non, je n’ai pas de problème d’argent, nous sommes de ces gens qui ne sont pas à plaindre.

J’ai des amis, une famille présente.

Mon travail me plaît. J’ai de très gentils collègues et des missions intéressantes.

Je suis en bonne santé si l’on exclut les quelques blessures dues à mon excès de confiance.

Je suis même heureuse en couple. Oui oui.

Et puis on a des projets : une nouvelle cuisine (oh il me tarde !!), des voyages…

Et évidemment, la future publication de mon livre est un événement ultra positif qui illumine ma vie (ouais, j’ose).

Alors comment autoriser quelques broutilles à avoir un tel pouvoir sur mon humeur ?

 

Encore un coup de la société…

On entend souvent, on le lit beaucoup, que la société nous met une pression folle dans tous les domaines. Et surtout à nous, les mamans. On doit tout assurer : le travail, les tâches quotidiennes, les enfants. On doit être efficace et prendre soin de soi. Ne pas se laisser aller. Tout porter… enfin, tu vois.

Et puis, et encore une fois surtout quand on est une maman, on doit être heureux. Il est vrai que notre premier objectif, le seul s’il n’en fallait qu’un, est de rendre nos enfants heureux. Et pour donner, il faut avoir (ce n’est pas de moi, je l’ai lu mais c’est hachement bien dit quand même !!!) et donc il faut que l’on soit heureux pour atteindre ce noble but.

Et puis, il est plutôt mal vu qu’une maman se plaigne, soit malheureuse, puisqu’elle possède le plus grand trésor au monde !

A moins que ce ne soit qu’une idée. Peut-être qu’en fait personne n’attend de telles inepties de toi mais c’est encré. Alors tu as honte de ressentir tristesse et lassitude. Et plus honte encore de l’exprimer.

 

En ai-je donc simplement le droit ?

Alors ? Est-ce que j’en ai le droit ? Peut-on avoir des coups de mou, des petits éclairs dépressifs quand tout va aussi bien ? Est-on légitime de s’apitoyer sur soi quand d’autres vivent des drames ?

« Penser qu'on n'a pas le droit d'être triste parce qu'il y a bien plus malheureux que soi est aussi stupide que de s'interdire d'être heureux parce qu'il y a bien plus joyeux. »

C’est une citation de Marc Lévy (L’horizon à l’envers) et c’est ma réponse. Je sais que je ne suis pas franchement à plaindre mais j’ai le droit, comme chacun, de verser quelques larmes d’épuisement, d’agacement.

Je peste donc contre ce camion qui a bloqué ma rue ce matin. M’a obligée à attendre qu’il manœuvre alors que je n’ai pas d’autre issue.

Je râle contre ces conducteurs indélicats, celui-là particulièrement qui a doublé par la droite pour ensuite espérer que je le laisserai passer devant moi. Et celui-ci qui avait du mal à s’engager.

Je m’excite contre ce logiciel qui ne veut pas fonctionner et m’agace d’entendre le technicien marmonner au bout du fil.

Je fulmine d’apprendre la dernière pirouette de cette collègue que j’avais déjà dans le collimateur.

Je m’apitoie sur mon sort quand la kiné me rappelle que j’en ai pour plusieurs mois et quand j’interromps l’entrainement à cause de la douleur.

Et je laisse quelques larmes couler, pour effacer cette fatigue persistante et cette colère inutile. J’abandonne quelques minutes. Je dépose les armes, me laisse submerger, un peu.

Tant pis si c’est mal vu. Peu importe qu’il y ait bien plus malheureux. Puisque je souris même si mon bonheur n’est pas aussi grand que d’autres. Puisque je ris même quand les jours gris assombrissent mon regard.

Et d’ailleurs, il est bien plus facile de se laisser pénétrer par la peine quand elle n’est pas immense. Ce serait bien trop risqué de la laisser nous dévorer quand elle est si puissante ! Alors on reste fort, souvent, et parfois, juste parfois, on craque.

 

 

 

 

 

 

Malgré le bonheur... un jour sans

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