Quelle est ma place?

Publié le par Raphaëlle Hosteins

Retourner chez maman, même le temps de quelques jours, interroge sur la place que l’on occupe dans la famille.

Je ne vois pas beaucoup ma maman qui habite loin (non, en vérité, c’est moi qui habite loin d’elle) et je vois encore moins ma sœur. Alors, lorsqu’on s’est retrouvé ensemble, bien que nous nous soyons naturellement trouvées, je me suis interrogée.

Suis-je la fille ? La petite sœur ? La maman ? Toujours mon problème identitaire face à mes nombreuses facettes.

Je suis tout ça, bien-sûr. Mais à quelle dose et à quel moment ?

 

Je veux rester la petite fille mais je crois ne pas y arriver. Je suis toujours ballotée. Je suis une adulte, responsable. Entourée de mes 3 enfants. Et sans mon homme, je suis la référence, le modèle, le pilier. En tout cas, c’est ainsi que j’imagine ma position.

Et auprès de ma mère, je me sens investie d’une nouvelle mission : prendre soin d’elle, l’épauler. A tel point que, je m’en rends compte en écrivant (la thérapie par l’écriture !! Encore et toujours !), j’accepte même mal qu’elle me reprenne. A moins que ce ne soit justement l’inverse : mon besoin de rébellion et d’indépendance en tant qu’enfant face à son parent. Je m’explique avec un exemple tout simple : je conduis, ma maman me dit de faire attention et je lui réponds que je sais conduire. Parce que je refuse d’être remise à la place de l’enfant ? Parce que je m’y remets de moi-même ? Ce n’est pas très « adulte » comme réponse si je suis parfaitement honnête.

Oui, je suis une adulte et pourtant, quand je m’arrête un instant sur moi-même, ce n’est pas ce que je ressens. Le temps passe si vite que je n’ai pas eu le temps de me rendre compte que je grandissais, mûrissais, vieillissais. Je le sais sans l’intégrer. Parfois, ça m’effraie presque ! Et quand vient le moment où ton positionnement est remis en question (par toi-même uniquement), tu es perdu entre ce que tu ressens, ce que tu penses être, ce que tu es…

 

Et puis ma sœur. Que je n’ai que très peu vue ces dernières années mais que j’ai retrouvée comme si c’était hier. Quoi que… Nos relations de l’époque n’étaient certainement pas de la nature qui les caractérise aujourd’hui.

Car j’étais la petite sœur et je me sens désormais presque comme la grande sœur. Ou au moins comme son égale. Ce qui est plutôt normal finalement car nous sommes adultes l’une et l’autre. Nous évoquons des souvenirs, rions, repassons certains moments de notre enfance en revue. Nous n’étions pas proches enfants. Avec 5 ans d’écart et surtout une place bien précise dans la fratrie : elle, l’aînée, faisait partie du duo des « grandes » avec notre sœur, tandis que moi, la 3ème, je faisais partie des « petits » avec notre petit frère. Chacun sa place. A cette époque-là, elle ne se discutait pas. Je savais.

Mais nous avons vieilli et nous sommes devenues maman. Cette expérience à elle seule fait de nous bien plus que juste des sœurs. Et, entourées de nos propres enfants, et même si nous retrouvons des réflexes d’antan, nous ne sommes plus ce que nous étions. Plus tout à fait. Plus seulement.

 

Et enfin mes enfants. Dans notre quotidien, la place de chacun est bien définie. Mais quand nous sommes en présence d’autres personnes, et notamment la famille, et surtout celle qu’on ne voit que rarement, tout est chamboulé. Ils sont les neveux d’une tante qu’ils connaissent à peine et les cousins de sa fille. Ils sont les petits-enfants de ma maman à moi. Et moi ? Suis-je leur mère ? Ou la fille de leur grand-mère, la sœur de leur tante… Bref. Même s’ils sont assez âgés pour appréhender tous les rouages de liens familiaux, j’ai moi-même ma place à définir à titre personnel et par rapport à eux.

 

Et c’est ainsi tout le temps et partout. Qui sommes-nous ? Qui voulons-nous être ? A-t-on vraiment besoin de le savoir d’ailleurs ? A-t-on le choix ? Et pouvons-nous endosser plusieurs rôles à la fois ?

Toujours ma mauvaise manie de m’interroger sur tout (l’avantage c’est que ça me fait plein de sujets 😊)

Et quand je serai grand-mère alors, ça risque d’être un beau bordel dans ma tête !

 

Quelle est ma place?
Quelle est ma place?
Quelle est ma place?

Publié dans Pas qu'une maman

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