Nos enfants ne sont pas ce qu'ils font

Publié le par Raphaëlle Hosteins

« Tu es nul en maths », « Tu n’es pas un intellectuel, plutôt un manuel », « Tu n’y arriveras pas » sont autant de phrases dont on sait qu’elles ont un effet négatif sur nos petits.

C’est une évidence, ou pas. C’est quand même bien encré dans les esprits des parents aujourd’hui : il ne faut pas coller d’étiquettes aux enfants. A force de répéter qu’ils sont ci ou pas ça, ils acceptent leur destinée.

C’est sûrement vrai. Je n’ai pas fait d’étude sur le sujet ni épluché les comptes-rendus de scientifiques mais je veux bien y croire. Et c’est pour cette raison que, comme la grande majorité des parents contemporains, j’ai pris garde, autant que possible, de ne pas leur asséner ces fausses vérités sur ce qu’ils sont ou pas. J’ai certainement failli à de multiples occasions mais j’ai essayé.

Ainsi, numéro 2 a pu entendre lors des nombreuses réprimandes que nous lui avons adressées, qu’il avait mal agi, que ce n’était pas correct, qu’il avait tort… et tout un tas de formules pour souligner son manque de respect et ses manquements. J’ai dû laisser échapper un « mais t’es idiot ou quoi ? » au détour d’un monologue mais vous remarquerez le point d’interrogation qui n’assène pas de verdict définitif. J’ai tenté de ne pas lui coller d’étiquette et j’ai lutté pour que les autres en fassent autant.

C’est qu’il nous en a fait voir notre fiston. Et à ses professeurs aussi ainsi qu’à tous les adultes qui ont gravité autour de lui. Il nous a mis à l’épreuve et malgré tous mes efforts à retenir des mots blessants, j’ai dû faillir, je le répète. Sans pour autant croire que cet enfant était irrécupérable. Comment une mère pourrait-elle penser ainsi d’ailleurs ? J’avais espoir en l’avenir. J’étais même persuadée que mon petit s’en sortirait très bien à l’âge adulte. C’était l’adolescence qui m’angoissait. Parce que, vous allez être d’accord, c’est long l’adolescence ! Et pour être honnête, même avant l’adolescence, il nous en avait fait baver.

Quand, dans son établissement primaire, la directrice, certains professeurs et même des parents d’élèves (mais de quoi se mêlent-ils ?) l’avaient pris en grippe au point de ne plus lui accorder aucun crédit, j’ai compris qu’il fallait le changer d’école. Je ne fuis pas mais il paraissait évident qu’il ne pouvait plus se défaire de son image. Il en souffrait et s’était enfermé dans un personnage dont il ne maîtrisait même pas les actes.

L’histoire s’est répétée au collège. Mauvais garçon à la bouille d’ange, il s’est très vite fait remarquer. En mal. Certains professeurs et la CPE ne voyaient en lui qu’un délinquant en puissance. Et malgré le soutien de quelques autres qui, eux, se refusaient à coller ces fameuses étiquettes et continuaient à être objectifs, il a à nouveau sombré dans la noirceur de son personnage. Il a fallu, une seconde fois, tourner les talons pour lui donner une chance de repartir sur des bases neutres.

Mais il est bien difficile, d’autant plus pour un adolescent, de se défaire de ses mauvais démons. Son année de 4ème a donc été un chemin de progrès parsemé de chutes et rechutes. Une année difficile mais prometteuse qui s’est terminée dans un combat entre quelques professeurs persuadés que cet enfant était ce qu’il avait fait et était donc irrécupérable et quelques adultes conscients de sa valeur.

Et finalement, malgré ces années pénibles et douloureuses, numéro 2 a été soutenu, entendu et compris. Il en est ressorti grandi et a goûté à une saveur nouvelle : la confiance. La confiance des adultes en lui, la confiance envers les adultes et la confiance en soi.

Non, numéro 2 n’est pas ce qu’il a fait. Ses actes sont des expériences dont il a appris.

 

Cet article s’est imposé à moi après ma rencontre avec 3 de ses professeurs.

Celle qui le connaissait depuis l’année dernière et l’avait soutenu. Elle m’a assuré de sa satisfaction à l’avoir vu évoluer et sa confiance dans l’avenir.

Celui qui en avait un peu entendu parler mais qui n’en a pas tenu compte dans sa relation avec lui.

Et celle qui, tout simplement, n’avait pas fait le rapprochement entre lui et ce qui se disait de lui. Celle qui lui a mis une mise en garde travail parce qu’elle sait qu’il peut mais qu’il ne travaille pas assez. Celle qui comprend maintenant pourquoi cette mise en garde a tant heurté mon ado, après tous les efforts qu’il avait faits, mais qui ne considérait numéro 2 que comme l’enfant qu’elle a en face d’elle et non pas l’enfant qu’il était dans le passé.

Un grand merci à ces professionnels qui ont su aller au-delà des actes de mon fils. Et je m’arrêt là car les larmes me montent déjà aux yeux.

 

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