Souffrir pour eux

Publié le par Raphaëlle

C’est une évidence presque grotesque. A quoi bon le dire ? En tant que parent, nous souffrons quand nos enfants souffrent. Ça fait pas franchement avancer le monde mais j’avais envie de parler de ce sentiment-là, qui est venu me visiter il y a quelques jours.

 

Numéro 3 vient de se casser le bras. Avant de le voir sur son corps (et son épaule toute gonflée rendait le fait bien visible), je l’ai lu dans son regard. Il ne s’y lisait aucune duperie, aucune exagération, juste la souffrance. Je ne saurais vous expliquer (et à quoi bon,  vous connaissez certainement ce ressenti) mais j’ai immédiatement su que c’était sérieux. Et mon cœur de maman s’est brisé. J’aurais pu m’écrouler et pleurer tant j’étais mal pour elle. Rassurez-vous, je suis restée digne et j’ai pris les choses en main, comme toute bonne mère qui se respecte.

 

Souffrir pour son enfant… S’agit-il de compassion ? Je ne pense pas non. Je ressens de la compassion pour autrui. J’ai de l’empathie et je suis fort désolée quand quelqu’un souffre, physiquement ou moralement. Je me cache d’ailleurs les yeux lorsque je vois une vidéo d’un tibia fracturé, par réflexe, et je zappe carrément les vidéos qui me font ressentir de la tristesse ou de la pitié. Oui, je ne suis pas très courageuse.

Si mon homme se blesse, si un enfant pleure… je partagerai sa douleur mais de loin.

C’est tout autre chose quand il s’agit de nos enfants ! C’est comme si on ressentait réellement la peine. Comme si elle s’installait physiquement dans notre cœur. Et on aimerait alors la porter tout entière pour soulager notre enfant.

Je ne sais pas si c’est explicable. Ça se vit, ça se ressent.

Et c’est exagérément plus puissant que la douleur elle-même à mon avis.

Alors, quand le pompier, puis le médecin régulateur du SAMU, m’ont demandé si je pouvais la conduire moi-même à l’hôpital, j’ai buggé. J’avais tellement peur de lui faire plus mal encore ! Et j’aurais préféré être juste assise près d’elle à lui tenir la main (gauche). J’ai donc pris sur moi pour ne pas monopoliser inutilement les ressources des secours et, accompagnée de numéro 1, je l’ai conduite aux urgences. Je roulais avec grande prudence pour éviter les à-coups et les secousses. Et je grimaçais à chaque fois que je l’entendais geindre.

Ça faisait d’ailleurs sourire ma grande de me voir tordre la bouche et froncer les sourcils avant même que sa sœur se plaigne. Comme si je pouvais absorber un peu de sa douleur pour alléger la sienne.

 

Il va sans dire qu’il n’y avait rien de très grave. Qu’il n’y a jamais eu quoi ce soit de grave d’ailleurs. Nous sommes chanceux. Mais ce sentiment ne se commande pas.

Je me raisonne, je relativise mais mon cœur fait des bonds malgré moi quand mon enfant souffre.

 

Des points de suture, une plaie un peu saignante, un pleur de douleur sincère… me mettent à rude épreuve. Je n’ose imaginer l’état dans lequel je serais si nous étions confrontés à une lourde pathologie ou une blessure importante !

Je serais aussi forte que possible justement pour ne pas en rajouter à l’enfant mais mon cœur, lui, ne mentirais pas.

 

Oui, c’est une évidence. Nous souffrons quand nos enfants souffrent. Et je suppose que c’est une peine à perpétuité et que le phénomène s’étend aux petits-enfants…

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Merci pour cet article, au plaisir de vous voir sur mon blog. https://romane-bebe.blogspot.com/
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