Me(o)struations et compagnie

Publié le par Raphaëlle Hosteins

Je vous demande, sur instagram, quel sujet vous souhaitez que j'aborde.

Julie m'a proposé "Les menstruations". Je crois qu'il y avait mille façons de l'aborder et on pourrait en dire tellement plus!

Julie, voilà ce que je te propose:

 

Les me(o)nstruations. Les terribles. Les abominables.

La découverte

Parce que je suis née au siècle dernier. Ou parce que ma douce maman n’a pas été très accompagnée sur le sujet dans sa jeunesse. Parce que ce n’était plus tout à fait tabou mais pas franchement sujet de discussion. Et pour mille autres raisons encore, je n’étais pas prête.

Je savais que les jeunes femmes passaient du statut d’enfant à celui de femme (oui, il paraît qu’il y a des étapes comme celle de l’adolescence avant. Chez nous. Dans notre pays. Pas partout), dans leur corps tout au moins, le jour où elles commençaient à saigner. Je savais pourquoi, je ne savais pas comment et personne ne sait quand.

Non, je n’étais pas prête. Je n’en avais jamais réellement discuté avec ma mère. En tout cas, je n’en ai pas le souvenir. Mais j’avais 2 grandes sœurs, 2 exemples. Et puis j’en parlais avec mes copines. J’étais en 6ème, j’approchais de mes 12 ans et nous chuchotions en riant en salle de permanence. Qui avait déjà ses règles ? Et on se le dira quand on les aura ?

Ce n’était qu’une discussion. Irréelle. Je n’étais pas pressée.

Je ne sais pas pour les autres femmes (n’hésitez pas à me le dire en commentaire) mais pour moi, ce fut un événement. Comme la chute des tours jumelles à New-Yok, et, avant ça, la mort de Lady Di, c‘est un événement dont je me souviens de la date. 12 ans et 8 jours, le 24 avril 1990. J’étais dans la salle de bain, aux toilettes, quand j’ai découvert que je saignais.

 

Je n’ai pas paniqué ou pleuré. Mais j’étais réellement en détresse. Je ne savais pas que faire. Ma mère était absente. Je ne m’imaginais pas en parler à mon père. Heureusement, ma sœur aînée était présente.

Une histoire de femmes. Entre femmes.

 

 

Au long d’une vie

Les menstruations nous positionnent entre la satisfaction de savoir que notre corps fait ce qu’on attend de lui, qu’il est potentiellement en capacité de procréer et un réel désarroi. Car il s’agit d’une contrainte forte même quand on ne ressent aucune douleur, même quand on a accès à toutes les protections possibles.

Imaginez, messieurs, plusieurs jours par mois au cours desquels vous ne pouvez plus faire tout ce qui vous plaît à votre guise ! Il faut anticiper, prévoir une serviette ou un tampon, renoncer à une baignade, se changer plusieurs fois dans la journée en se débarrassant de l’objet souillé. Et le faire discrètement, surtout dans ton jeune âge parce que, si ce n’est pas une honte, tu n’as quand même pas envie de t’afficher !

 

Au cours de nos vies de femmes, nous serons parfois amenées à choisir des contraceptions qui diminuent ou éliminent les menstruations. Certaines pilules ont cet effet tout comme certains stérilets. Je me suis ainsi libérée de ce fardeau durant des années. Une liberté acquise par l’absorption d’hormones. J’ai trouvé ça pratique, confortable. Et j’avais la chance de ne pas me poser les questions plus présentes aujourd’hui quant à la quantité d’hormones infligées à mon corps.

Plus tard, ces questions se sont imposées et j’ai voulu me libérer à nouveau en parcourant le chemin inverse. Arrêter pilule ou stérilet et retrouver des cycles naturels. Tu vois, on n’a jamais fini de s’interroger et de changer d’avis. Pour notre bien. Et au fil du temps, nous ne plaçons pas le curseur au même endroit !

 

Aujourd’hui, la nature a repris ses droits. Elle joue avec mes humeurs et mes envies. Selon la période du cycle, je suis plus câline ou mes seins sont plus lourds et sensibles. Je reprends possession de mon corps avec les désagréments que cela induit. C’est le mieux aujourd’hui et pour moi.

 

 

En tant que maman

J’ai 42 ans. Je suis « ligaturée ». J’ai fait ma vie de femme, au sens de la procréation, mon œuvre gynécologique est terminée. Mais je suis toujours maman et j’ai un rôle essentiel à jouer pour mes filles.

Comme je n’avais pas été assez préparée moi-même, j’avais toujours considéré qu’il serait de mon devoir de bien préparer mes filles. Et puis, toutes les mamans en puissance sont emplies de bons sentiments : « je parlerai à ma fille et elle me parlera, nous aurons des relations fortes et sincères… » Enfin, bref. Toujours la même illusion…

Reste que ce genre de sujets est à aborder au bon moment. Trop tôt serait inutile voire préjudiciable. Il n’est pas question de les effrayer non plus ! Une petite fille n’a pas besoin de savoir qu’elle fabrique un œuf qui explose en culotte une fois par mois ! Mais il faut être prête à répondre aux questions qui fusent devant une publicité (celle de Nana en ce moment par exemple) ou devant le paquet de serviettes hygiéniques que tu viens d’acheter à la grande !

Mais il ne faut pas s’y prendre trop tard non plus au risque de rater le coche. Car les enfants ne sont pas forcément réglés au même âge que la mère.

J’avais choisi, pour numéro 1, de lui en parler vers ses 10 ans. Je voulais libérer la parole entre nous, lui permettre d’être assez à l’aise pour oser. Je n’ai pas insisté du moment que j’étais assurée qu’elle avait bien compris ce qui l’attendait. Et lorsque le jour est venu, elle m’en a naturellement parlé. Il me semble que le passage s’est fait en douceur, sans appréhension.

Et puis numéro 2. C’est un garçon. Et alors ? On ne lui en parle pas ? Lui aussi a posé des questions et il a fallu répondre à lui aussi. J’espère avoir su employer les bons mots, ceux qui feront de mon fils un homme respectueux et compréhensif.

Quant à numéro 3, elle a eu 9 ans en novembre. Il va bientôt être temps…

 

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