C'est dans l'ordre des choses
C’est dans l’ordre des choses.
Ça n’enlève rien à mon chagrin mais c’est dans l’ordre des choses. C’était son tour.
Pourtant, le savoir, l’admettre, l’accepter n’empêche pas les larmes de couler. Car elle était ma grand-mère, ma mémé.
C’était la dernière de mes grands-parents ce qui implique une autre pensée terrifiante : mes parents sont désormais la génération la plus proche du dernier voyage.
C’est la vie. Et il est nécessaire de relativiser. N’empêche que...
N’empêche que l’amour que je lui portais est tapi dans mon cœur comme une bête traquée. Timide mais réel.
Et je me souviens... De ses bisous qui claquent sur la joue et de son accent chantant. De ses yeux rieurs qui donnaient envie de sourire. Des cours de tricot dispensés à mes enfants et des heures à regarder encore et encore ses photos de famille et écouter les histoires de son enfance. Je me souviens de l’odeur des poivrons grillés et du couscous qu’elle nous faisait à notre demande. De ses mains et de ses gestes délicats. Des petits bouts d’emballage qu’elle recyclait pour écrire sa liste de courses ou des sacs en plastique qu’elle pliait soigneusement. De toutes ses plantes qu’elle sauvait et arrosait avec tendresse. De ses menaces, sourire aux lèvres. De son anisette et du chant des cigales qui accompagnaient l’apéro.
Mémé de Marseille. La seule. Celle qui enchantait mon enfance malgré la distance et qui, en s’éteignant, me laisse un vide comblé en partie par tous ces beaux souvenirs. Mais elle laisse aussi une famille : 4 enfants, 11 petits-enfants, 17 arrières… Et de l’amour. De loin, entre cousins que l'on a cependant toujours grand plaisir à retrouver.
C’est dans l’ordre des choses que les grands-parents nous quittent. La peine marque le départ mais les images heureuses nous suivront sur la route. Et des images de toi, mémé, j'en ai plein la tête...