Punir son ado de téléphone: la fausse bonne idée
Après mon petit exposé sur la nécessité ou pas d’offrir à nos adolescents un smartphone, je voudrais vous poser la question suivante : faut-il punir un adolescent de son téléphone ? (A condition, évidemment, qu’il en est déjà un, hein !)
Attention, soyons clairs, je ne vous donne pas de réponse. Y en a-t-il seulement ? Non, je vais seulement vous parler de ma propre expérience, comme d’habitude. Qui suis-je pour vous dire que faire, n’est-ce pas ?
Toujours est-il que j’ai une idée assez précise sur le sujet de par notre propre vécu.
Au départ, comme vous peut-être, je me suis dit que cet objet tant chéri par nos enfants pouvait devenir un merveilleux moyen de pression. Ils sont tellement accrochés, pouces vissés, que les menacer de le leur enlever pourrait les persuader de respecter certaines règles. Et ça peut fonctionner. Tout dépend évidemment de l’enfant qui vous fait face, de son caractère. Certains sont plus résistants aux menaces que d’autres.
Et comme nous trouvions l’idée brillante (tout ce qui brille n’est pourtant pas précieux ni à conserver), c’est ce que nous avons fait : « si tu ne te comportes pas mieux, on te confisque ton téléphone ». Nos enfants ont beau savoir que nous menaçons rarement en l’air et que, par principe, la sanction tombe quand elle a été annoncée... (Ne s’agit-il pas de la base pour se faire respecter et instaurer de la confiance ?), ils ont quand même souvent (certains plus que d’autres, je me répète) besoin de tester l’autorité. La punition est donc tombée, guillotinant la rébellion… ou pas.
Malheureusement, l’effet positif n’aura effectivement pas vraiment duré. Car il existe des enfants qui préfèrent accepter la punition plutôt que changer ou faire un effort. Si si, je vous assure. Je pratique…
Quand tu as déjà puni du téléphone et que rien ne va mieux, tu te trouves un peu embêté (non mais j’aurais pu écrire « emmerdé » ou « comme un con », mais élevons le débat !!!). Du coup, réunion au sommet avec chéri. Que faire ? On a trouvé : le punir de tablette… et puis de tous les écrans du monde… et puis…
Finalement, nous en sommes revenus. Il faut accepter l'évidence, cette punition fut un échec cuisant et l’occasion de nous remettre en question. Privé de tout et isolé (ben si, un peu quand même, ou en tout cas c’était son sentiment), notre ado est devenu incontrôlable.
Pour commencer, il trouvait le moyen d’aller sur le téléphone des autres. Pire, il donnait ses mots de passe pour que les copains puissent conserver ses flemmes si précieuses (snapchat… vous connaissez pas ? Une autre sorte d’addiction…).
Ensuite, il a choisi de récupérer son téléphone directement dans notre chambre, et à notre insu cela va de soi. Il le cachait, le confiait à des copains…
Il l’a vécu comme une injustice, une sanction surdimensionnée. Il nous en voulait, était en colère. Difficile (impossible ?) pour lui d’admettre qu’il avait été prévenu et qu’il aurait pu éviter cette situation.
Non seulement nous n’obtenions aucune amélioration mais en plus, nous n’avions plus de leviers. Il nous a donc fallu revenir en arrière. Céder un peu pour rouvrir le dialogue. Donner avec parcimonie pour recevoir en retour.
Mais on peut s’en passer en partie. En réduire l’utilisation et contrôler avec intelligence. Il est préférable d’établir un contrat entre l’adolescent et l’adulte. Et l’écouter, essayer de le comprendre. C’est certainement ce que nous avions perdu de vue. Dans le tout répressif, nous avions oublié de considérer le ressenti de notre enfant, tellement exacerbé à cet âge.
Cette erreur nous a permis d’apprendre. Notre force aura été de l’admettre et de considérer de nouvelles options moins excessives.
Je répondrais donc à ma question (il parait qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même… je confirme) : mieux vaut ne pas confisquer entièrement son téléphone à un adolescent. Réduire, contrôler, voire décider avec lui ce qu’il convient de faire mais pas l’en priver totalement.
Cela n’engage que moi. A vous de voir…