Je suis ... quoi?
J’ai tout un tas de choses futiles et inutiles à vous raconter (d’autant que je suis restée muette plus de 10 jours…) mais aujourd’hui, il me faut écrire sérieux. A l’heure où tout le monde est « Charlie », « Nice », « Istanbul »…, moi je ne sais plus bien qui je suis ni ce que je ressens.
Les moitiés de moi sont toutes anéanties par les événements. Ne soyons pas hypocrites, je me suis davantage sentie touchée quand les morts étaient français, tout près de moi et de ma famille. Car « ça aurait pu être nous ». Oui, je suis une égoïste, comme beaucoup d’autres assurément.
Les attentats ailleurs me touchent, bien-sûr, et j’ai envie de pleurer quand je vois un enfant le regard vide devant la dépouille de son parent ou, pire, quand un parent tient le corps sans vie de son enfant…Mais je regarde de loin parce que je suis un peu habituée à ces images terribles et parce que c’est loin justement et je me dis que je ne peux rien y faire… Vrai ? Peut-être…
Mais quand l’horreur s’installe dans notre pays qui n’est pourtant pas officiellement en guerre, du moins pas sur notre territoire, que la mort semble jouer à cache-cache et pouvoir surgir de partout sur n’importe qui, alors je tremble. Et je tremble d’abord pour mes enfants à moi. J’ai beau m’en défendre, je suis une maman avant tout. C’est mon plus beau rôle et le plus fort, le plus prenant. Et j’ai bien du mal à imaginer la peine de ces parents qui pleurent la perte de leur chair.
Mille questions se bousculent évidemment. Comment peut-on délibérément tuer des enfants ? Surtout quand on est père ? Ces monstres n’ont-ils plus du tout de valeurs ? de sentiments ? de moral ? N’ont-ils pas un soupçon d’intelligence pour réaliser la stupidité de leurs actes ? Et que peut-on faire pour arrêter ça ?
Mais je n’ai pas les réponses. Alors, je vais continuer et nous allons tous continuer à aller à la plage malgré Sousse, à applaudir un spectacle malgré le Bataclan, à errer dans les allées d’un marché malgré Bagdad, à assumer nos opinions laïques et nous moquer de tout et de tous malgré Charlie… Bref, nous allons continuer à vivre comme nous l’avons toujours fait malgré les attentats parce que c’est ça notre lutte. Et nous allons continuer à élever nos enfants dans la confiance en l’avenir et dans l’amour de l’humanité parce que…parce que…