Pourquoi tu caches tes cheveux gris?

Je sors tout juste de chez la coiffeuse et en me regardant dans le miroir, je me pose la question : mais pourquoi t’obstines-tu à cacher tes cheveux gris ?

La coiffeuse m’a répondu avant que je m’interroge : « qu’est-ce que ça vieillit les cheveux blancs ! ». J’ai acquiescé. Je suis d’accord, ça vieillit. Alors quoi ? Est-ce que je fuis les signes de vieillesse parce que je ne suis pas prête à accepter l’inéluctable ? Ou est-ce que je me plie au dictat de l’apparence ?

Le poids de la société

Alors, même si certaines jeunes femmes ont opté pour le tout-gris artificiel et que d’autres femmes acceptent le 50 nuances de gris naturel, la plupart des gens le disent et le pensent : les cheveux gris, ça vieillit. Oui madame. L’opinion publique se vautre dans les clichés mais à juste titre. Ou, du moins, avec des raisons. Car c’est la nature au fond !

Ce qui est notable c’est simplement qu’entre la logique opinion et l’acceptation de la réalité, il y a un delta énorme. Les cheveux gris induisent un âge certain mais dans notre société où l’espérance de vie a largement augmenté et où le paraitre est important, arborer des cheveux gris à 35 ans, 40 ans ou même 45 ans, ben c’est décalé. On ne se sent pas encore vraiment vieux et il reste tant de belles années à vivre encore ! Nos corps n’ont pas évolué à la même vitesse que la société. On devrait afficher une jolie peau lisse et pulpée quand on est au milieu de sa vie ! Pensez ! A 60 ou même 65 ans, on travaille toujours. On a parfois des enfants encore jeunes ou pas très vieux. Et on peut même espérer vivre 20 ans ou davantage encore ! Alors peut-on accepter de paraitre (d’être ?) vieux à la moitié de notre vie ?

Aujourd’hui, une quarantenaire (ah oui, parce que le débat ne concerne que les femmes hein…) est une femme active dans la fleur de l’âge. J’entends régulièrement des journalistes qualifier de « jeune femme » une victime de 35 ou 40 ans ! La société n’est, dans son ensemble (oui, il y a des exceptions) pas encore prête à tolérer les cheveux gris ou blancs sur une tête mi-jeune. C’est en tout cas la conclusion de l’étude que je viens de faire dans mon (vieux) cerveau en tant que diplômée de sociologie femme concernée.

A moins que ce ne soit qu’une histoire de moi face à moi.

Mon propre regard

En fait, je ne me rends pas souvent chez la coiffeuse. Pas assez souvent d’après elle (je l’ai lu dans son regard et dans son « eh be ! elles sont longues ces racines ! »). Parce que j’ai la flemme. Parce que je suis négligente. Ou parce que j’assume en fait. Quand les cheveux vieux se montrent, ils y vont crescendo. Ils te laissent le temps de t’habituer. Et un matin, en passant la main sur le crâne, en penchant légèrement la tête de façon à voir le dessus dans le miroir, tu réalises qu’ils se sont multipliés et qu’ils sont prêts à engager l’invasion totale. Et c’est là que je réalise que moi, je ne suis pas prête.

Je sais que je n’ai pas d’autre choix que de vieillir (enfin si, mais l’alternative ne me convient pas) et qu’il me faudra bien accepter que ça se voit. Et ces derniers mois, j’ai l’impression d’avoir franchi un cap. Je me rends compte que ma peau se relâche, mes rides se creusent et l’ensemble faiblit. Je ne peux finalement agir que sur la couleur de mes cheveux. Alors je continue à me rendre (pas assez) régulièrement chez la coiffeuse pour cacher ce qui se dissimule. Cela me permet d’avoir l’air de vieillir plus lentement. C’est pour moi plus acceptable. Pour mon mari et mes enfants aussi d’ailleurs.

Et puis, cette année, je suis étudiante. Etudiante avec des aligneurs en bouche. Ce n’est pas que ça me rajeunit réellement (en fait, ça risque même de me faire vieillir un peu plus vite cette affaire !) mais je ne me voyais pas débarquer à la faculté avec les racines grisonnantes. Je veux faire illusion, au moins au début 😉