rat-piécé vs palais percé
Voilà un moment fabuleux dans la vie d’un parent. Un mensonge délicieux. La perte de la première dent et ses conséquences.
Chaque histoire est singulière et tellement importante pour l’enfant ! Pour la grande, cela avait effectivement été particulier puisqu’elle avait perdu sa dent dans la cour de récréation. Elle était tombée oui, mais elle l’avait littéralement perdue ! Et le grand-père avait dû chercher avec elle au sol pour essayer de repérer au milieu des cailloux un morceau d’émail. Impossible. Il avait donc fallu à la puce écrire une lettre au fameux petit rongeur pour s’excuser. Heureusement, il est gentil et il lui a quand même apporté la pièce.
Pour le second, rien de spécial, sorry. Du coup, je ne me souviens plus… oh la mère indigne !!! pas bien ! Serais-je la seule à ne pas se souvenir de tous les instants de vie de tous ses enfants ? Oui ? Tant pis. En revanche, à 10 ans et même 11 ans, heureusement conscient que la souris n’est que fumisterie, le bougre a essayé de nous extorquer de l’argent avec ses molaires fugueuses.
Quant à ma petite dernière, à l’aube de ses 6 ans, elle désespérait presque de n’avoir aucune dent qui bougeait. Nous lui avons expliqué qu’elle avait bien le temps et que ça arriverait, fatalement. Et c’est en allant faire un tour de vélo avec son grand frère et en chutant qu’elle est revenue, presque ravie, en montrant dignement sa dent devenue fragile. Et dans la journée, la dent a mystérieusement quitté son palais. Quelle fierté ! Elle passe la langue dans le trou (même adultes on le fait quand le dentiste nous mutile !), dit que ça fait bizarre, se demande comment elle mangera… Et elle ouvre grand la bouche devant toute personne passant à sa portée et se vante d’avoir, enfin, perdu une dent. Et papa se vante aussi en postant immédiatement sur le réseau social une photo du sourire bancal. Immature !! (En fait, il m’a devancé, je n’ai pas eu le temps de jouer à la geek)
Oh mais flûte ! Elle réalise soudain l’imperfection de son image et s’inquiète : « Je vais être moche maintenant !? » Je dirais plutôt rigolote, distrayante, différente… Mais non ma beauté, tu restes la plus belle (en toute modestie, cela va de soi).
A l’heure du coucher, elle dépose délicatement le joyau sous son oreiller et me demande comment la souris va faire pour échanger quenotte contre cagnotte. « Elle est un peu magique tu sais, la petite souris ». Et elle est grise ? « Sûrement, mais personne ne l’a jamais vue » et puis franchement on s’en fout, non ? Elle pourrait bien être turquoise à pois caca d’oie ! Elle va m’apporter de l’argent. « Une pièce oui », ou un billet ! Ben tiens !
Allez dodo ! Maman met son téléphone à sonner à 22 heures parce que j’aurais vite fait d’oublier une fois couchée et c’est papa qui s’y colle, moi je reste au chaud sous la couette. Trop facile dit-il ! Vivement demain, pensé-je !
6 heures 30, je monte réveiller mon édentée. Une caresse, un mot gentil, la lumière dans les yeux et j’attends. Elle commence à s’agiter, son cerveau se reconnecte et ses mains s’enfoncent sous l’oreiller. Elle le soulève et… se saisit des pièces (un papy était aussi passé par là). Elle semble ravie, moi aussi et hop ! Elle les glisse dans sa tirelire, l’air de rien. Ma fille serait-elle vénale ?
Une dent en moins, de l’argent en plus et surtout de l’assurance ! C’est tout bénèf cette histoire. Merci la petite souris pas verte grâce à qui le fait de devenir moche et ridicule devient super cool !