Silence...
Quand on est une jeune maman, que son enfant n’a que quelques mois et ne sait sortir de sa bouche que des « agha » et des « brrrr » (et de la nourriture à moitié digérée), on attend avec impatience et émotion le premier « maman ». On observe, on encourage, on articule avec l’air aussi intelligent qu’un singe devant un rubik’s cube.
Et puis un jour, il arrive. Par hasard d’abord, approximatif, et puis ciblé ensuite : « maman », « maman », « MAMAN ».
Puis vient le second enfant et le troisième (ce sera tout pour moi, merci) qui reprennent en cœur ou en canon le merveilleux mot qui devient, avouons-le, moins merveilleux.
Et me voici, maman de 3 enfants qui ne savent pas commencer une phrase sans m’interpeller. Même quand je suis juste en face d’eux, même quand ils m’ont déjà raconté leur matinée ou leur rêve ou leur dispute avec machin. « Maman, tu sais… », « Maman, je peux… », « Maman, c’est quand que (ben, ce ne sont pas des génies, désolée)… », « Maman, j’ai mal à… ». Bref, du « maman » à tout va, à tout moment. Ces enfants n’ont aucun sens du suspense ou de la prose. Et moi, je fais une overdose.
Et naturellement, comme toute maman qui se respecte (mi-névrosée), je ne rêve que d’une chose : le silence. Oh oui !!! Le silence, le vrai. Celui qui remplit les oreilles, repose le cerveau, détend les muscles. Le calme, la volupté. Le vrai luxe pour des parents parce qu’inaccessible. Un rêve, une illusion.
Oui, hier j’ai réclamé sans un mot le calme, j’ai espéré le silence. En toute conscience, je me suis sue heureuse d’entendre en écho ce mot et en toute honnêteté j’ai souhaité ne plus l’entendre, pour un moment.
Et aujourd’hui, c’est le silence qui s’est imposé à moi, à tous, à la France. Le tonitruant silence de cette minute dérisoire pendant laquelle la France communiait, pleurait, chantait. Le silence de la mort, de la haine, de la peur. Un silence qui écorche davantage les oreilles que toutes les sollicitations et les cris d’enfants.
Alors ce soir, je vais apprécier les « maman » intempestifs et savourer les voix de mes enfants pleins de vie et d’espoirs. Et puis après, je vais apprécier le calme de la maisonnée et garder en mon cœur les « maman » qui résonnent, raisonnent…