Journal de bord de bébé...
Vous avez déjà tenu un journal de la vie de votre enfant ? Ou en avez-vous déjà lu un ? Non ? Ah ben ça vaut le détour. Je vais généraliser à partir de ceux que j’ai tenus et vous me direz si je me trompe !
Ce n’est pas de la grande prose mais à vrai dire, la maman ne cherche pas à attirer le lecteur. Elle a peu de temps, encore moins d’énergie et elle veut seulement consigner les petits progrès, les galères et les bons mots. Pour se souvenir. Ça vous étonne ? Vous croyez qu’une maman est capable de se souvenir de tout ? Eh ben non. Et pire, je me rends compte que j’ai oublié des événements que les autres mamans semblent avoir en mémoire : sa première dent, son premier caca au pot, son premier jour d’école…
Alors moi je suis une maman indigne, vous le savez, et je suis incapable de vous raconter tout ça et surtout pour mon malheureux deuxième enfant qui est arrivé 2 ans et 3 mois après sa sœur. Il était donc le deuxième (ben c’est tout de suite moins extraordinaire pour le second que pour le premier, c’est un peu du déjà vu quoi) et j’en avais 2 très jeunes. La tête dans le guidon, j’ai dû oublier de me rappeler.
Heureusement, j’ai tenu (plus ou moins assidûment) un journal pour les 2 premiers. Mais pas pour numéro 3. A chacun son expérience malheureuse. Et puis ils ne durent pas des années, trop occupée ensuite, j’ai laissé tomber.
Alors, je tiens à vous le dire, un journal de vie de bébé, c’est aussi intéressant pour les autres qu’un manuel technique de grue pour un artiste peintre. Seuls les parents et l’intéressé peuvent trouver passionnant ce genre de phrases : « j’ai eu mon premier rire en vacances à Claouey quand j’avais 2 mois ». D’abord parce que ce n’est pas une information capitale (hein, franchement ? On s’en fout un peu non ?) et puis de toute façon, c’est juste le développement normal d’un enfant a priori normal. Mais dans la vie d’une maman, le premier rire de son enfant résonne comme les grelots du paradis : c’est beau, c’est doux et plein de promesses.
Ah oui, il y a quelques règles. D’abord, le journal se tient à la première personne. C’est tellement plus amusant, plus vivant et un peu concon, faut le dire : « J’ai fait caca dans le bain ». Mouais. Ensuite, les dates se suivent, platement. Tous les jours pour les mamans assidues, tous les 2-3 (4-5) jours pour les mamans comme moi. Il y a parfois un trou : maman débordée ne répond plus. Allo ??? Et un retour fracassant : aujourd’hui j’ai attrapé mon pied. Ouf !!!! Et il est important d’y noter le poids et la taille de l’enfant. Finalement, c’est ce qui évolue le plus.
Oui, donc le journal de bébé est une succession de textes sans suspens, sans relief. Les informations d’arté un soir de dépression. Un point d’exclamation vient parfois briser ce néant : « je me suis retourné sur le dos ! ». Mouais. Et si c’était les enfants qui rédigeaient eux-mêmes ??? Extraits :
8 septembre : j’ai vomi tout mon biberon. Maman était folle. Elle faisait une de ses têtes !! Trop drôle. Du coup, j’ai attendu qu’elle me change entièrement et qu’elle se vautre dans le canapé pour remettre ça. Non mais oh ! Pas question qu’elle se repose ! Faut s’occuper de moi ! Elle m’a voulu, tant pis pour elle.
10 septembre : je ne suis plus malade. Dommage. Pour m’occuper, j’attrape mon pied et je suce le gros orteil. Ça fait rire la mère. Elle en a assez bavé les jours précédents alors je continue pour l’amuser. J’suis pas un monstre. Faut quand même que je trouve autre chose pour l’ennuyer. Elle commence à croire que ça va être facile.
11 septembre : j’ai trouvé !!! Je vais lui mettre des coups de pied quand elle va s’approcher. D’abord je l’attrape, puis je le suce et quand elle cherche à m’embrasser… paf !!! dans son nez ! Décidément, c’est pratique les pieds. Elle se frotte le nez, les larmes aux yeux. Hmmmm, j’y suis peut-être allé un peu fort ? Ah non, elle sourit.
15 septembre : nuit pourrie. Pour elle surtout. Je m’en fous moi, je vais dormir toute la journée. Mais cette nuit, j’ai pleuré toutes les ½ heures. Dès qu’elle me prenait dans ses bras, j’arrêtais. Elle comprenait rien !! Et quand elle me recouchait, j’attendais un peu qu’elle s’endorme et je criais à nouveau. C’est fatigant mais quel plaisir d’avoir le pouvoir !!
Un journal de guerre dont l’ennemi serait la mère ! Avec des grandes batailles épiques : les premiers petits pots et le crachat de purée ; les premiers pas chancelants et son lot de chutes ; les premiers pipis au pot et les « accidents » de parcours…
Oui, c’est beaucoup de premières fois. Le journal des premières. Mais, évidemment, on est toute attendrie quand on le relit et l’enfant est hilare à sa lecture. Il comprend surtout tout l’amour qu’on lui porte et l’importance qu’il a toujours eu à nos yeux.