Mi-maman, Mi-moi, Mi-marathonienne
Je l’ai fait !!!!! Ça y est, je l’ai fait ! J’ai couru 21 kilomètres sans marcher et sans fléchir. Au-delà de l’exploit physique pour moi, ce semi-marathon aura été un grand moment humain. Je vous raconte ?
Bien rangés dans nos sas de départ, nous étions des dizaines et des centaines (près de 20 000 participants en tout), collés-serrés à patienter sous la pluie que notre tour arrive. Nous sommes tellement proches les uns des autres, que nous participons naturellement aux conversations des voisins. C’est amusant et stimulant. Tous dans la même galère, nous baissons la tête, emballés dans nos coupe-vent, dégoulinant et frigorifiés. Puis les premiers partent à 20 heures et nous avançons, au pas, vers la ligne de départ.
20h28, nous franchissons la ligne, bras levés, motivés et je ne ressens plus de peur ou de stress. J’y suis. Comme pour les examens ou concours, l’attente est plus pénible que l’épreuve. On y est, on ne réfléchit plus, on agit. Cependant, nous sommes dans le dernier groupe, le plus lent (au moment de l’inscription, je courais moins loin et moins vite, j’avais donc misé sur 2h30 et plus), et il est difficile au départ de trouver un rythme satisfaisant. Nous dépassons, au compte-gouttes, beaucoup de coureurs, parfois gênés, parfois obligés de faire des pas de côté.
Au fil des kilomètres, notre rythme s’impose. 4 kilomètres, 8… je ne les vois pas passer. Parce qu’on court moins vite que d’habitude et parce que mon attention est sans cesse attirée par celle-ci ou celui-là, par la chaussée cabossée qui menace les chevilles et par tous ces bénévoles et ces supporters.
Et c’est là toute la magie d’une telle épreuve. Malgré le froid et la pluie (bien qu’il n’ait presque plus plu durant notre course), les supporters étaient là. Ils crient, t’encouragent avec joie et enthousiasme. Ils tendent des mains que l’on tape avec bonheur. Ils sifflent, secouent des cloches ou pressent en rythme des klaxons. Depuis la rue ou les balcons, ils ont un mot gentil, un encouragement, un sourire qui te poussent encore.
Et puis il y a tous ces bénévoles : mais combien étaient-ils ? ils jalonnent le parcours, t’indiquant le chemin ou te signalant un obstacle et toujours te félicitant de ton courage. Ils te tendent un verre ou un quartier d’orange. Ils sont partout. C’est rassurant et motivant.
Et les coureurs bien-sûr. Celui qui portait un sweat avec des chatons, le couple de schtroumpfs qui attiraient tous les commentaires (grrrrrr… et nous ??), cette équipe qui tire et pousse un chariot sur lequel une personne lourdement handicapée est tout sourire et qui se fait acclamer par les autres participants. Ceux qui te sourient ou te répondent, qui s’excusent s’ils te bousculent. L’ambiance est bon enfant, jusqu’au bout. Pas de compétition entre nous mais en nous. On se bat contre nos doutes et nos limites, tous ensemble.
Et si les rires et les discussions vives ont résonné dans les premiers temps, ils étaient moins présents à la fin. Les respirations se faisaient plus difficiles, les muscles commençaient à se rebeller. Certains se sont mis à marcher, d’autres à se tenir le dos. Celle-ci s’est presque écroulée sur le côté. Mais la fanfare, au pied du pont de pierre, nous soufflait encore de l’énergie et l’envie d’en finir ou le challenge nous a poussé à accéléré un peu jusqu’au sprint final avant la ligne d’arrivée sous les bravos de tous.
L'après-course aura été nettement plus difficile. Les muscles se sont immédiatement tétanisés, la fatigue s'est abattue sur nous. Nos corps nous ont signalé que, franchement, on les avait un peu trop maltraités. Je me suis même sentie un peu nauséeuse. Nous avons eu la chance d'être reçus chez des amis qui nous avaient fait chauffer les serviettes pour la douche et nous avaient préparé un repas. Et puis il a ensuite fallu marcher plusieurs kilomètres jusqu'à la voiture: en mode décrassage. Impeccable. Couchés à 4 heures...
Oui, je l’ai fait. J’ai relevé le défi. Hier soir j’étais mi-maman, mi-moi et mi-marathonienne. Un peu plus qu’une seule personne, au-delà de ce que je me croyais capable de faire et d’être. Je le dois à mes efforts et ma persévérance, bien-sûr, mais aussi à chéri qui se lance dans des défis fous et que je ne peux m'empêcher de suivre, folle moi aussi. Et il m’encourage, me soutient toujours. Grâce à mon père qui a cru en moi et grâce à mon entourage qui m’a rassurée.
Croyez en vous. C’est possible.