Point C: les jours d'avant

Publié le par Raphaëlle Hosteins

A période exceptionnelle, rubrique exceptionnelle.

Elle ne sera peut-être pas passionnante mais elle (me) permettra de garder trace de ces semaines étranges.

Je vous fais donc un point C(ovid-19), pas à pas.

 

 

Jeudi: le Covid-19 gagne du terrain. Les français manquent de discipline. Nous restons, dans l’ensemble, dubitatifs, pas franchement concernés.

La vie se poursuit normalement. La seule différence réside dans les salutations qui se font à distance, avec le sourire. Le fameux « on s’embrasse pas mais le cœur y est » dénote encore une certaine légèreté sur le sujet.

Travail, école, sport, courses, kiné...

Une journée normale jusqu’à l’annonce du président à 20h : fermeture de tous les établissements scolaires dès lundi… Je ne suis qu’à moitié surprise. J’imaginais l’annonce possible mais pour le 23/03, après le second tour des municipales. J’imaginais sans y croire pour autant.

 

 

Vendredi: la situation bascule. Au travail, tout et tous sont happés par des questions relatives au virus et à l’organisation qu’il faut mettre en place. On recense, on rentre des données tout en se demandant quelle sera notre propre organisation personnelle.

On attend des instructions, on spécule. Et l’inquiétude et le stress prennent gentiment possession des lieux. Des gens.

On glane des informations ici et là sans réellement savoir ce qui nous attend. On sait avec certitude que plus rien n’est certain. Tout est susceptible de changer à tout moment.

On se croirait dans un mauvais film dont l’issue est évidente à l’écran. Mais dans la « vraie vie » rien n’est évident. Qui peut croire au pire ?

C’est une crise sanitaire sans précédent mais impossible de se défaire de l’idée que c’est juste une grippe.

Après réflexion, j’adopte une position : respecter les consignes permet de se protéger soi ainsi que les siens et cela, en protégeant les autres. Basique. Plus il y a de personnes malades et plus les services médicaux seront occupés. Et c’est là que le risque nous touche : en cas de surcharge des hôpitaux et personnels soignants, nous ne bénéficierons plus du même service de santé. Nous serons vulnérables.

Ce vendredi, les scènes observées dans les grandes surfaces m’amènent à une autre conclusion : plus que le virus en lui-même, je crains les réactions des gens.

 

 

Samedi: je passe une grande partie de ma journée à préparer la suite. Je pars acheter quelques bricoles (perles, papiers, peinture...) pour que les enfants aient de quoi s’occuper. Je planifie leurs journées avec des temps de travail et d’amusement. Je réunis les 3 enfants pour les associer à cette démarche avec l’espoir qu’ils y adhèrent. Ils semblent comprendre. Ils acceptent. On verra à l’usage.

Et je prépare ma journée de dimanche que je vais passer dans un centre de vote.

C’est une journée suspendue. Un peu irréelle. Comme si c’était la dernière journée (pour moi) qui serait à peu près normale. Comme si.

Je vis les choses dans une certaine stupeur et, à la fois, avec placidité.

 

Dimanche: chéri et les enfants continuent de préparer la journée et la semaine à venir. Ils en parlent surtout et répartissent certaines tâches. Ils vont déjeuner chez mes beaux-parents qui voient là une occasion à ne pas rater car il sera ensuite plus compliqué de se voir.

Moi, je suis au milieu des électeurs et je coordonne le centre. L’ambiance est étrange mais calme. Rares sont les électeurs qui se plaignent. Aucun ne remet en question les dispositions mises en place.

Quand arrive le soir, dépouillement terminé, les rumeurs de report du second tour nous cueillent en plein travail. Je préfère me concentrer sur les procès-verbaux. Je n’ai de toute façon aucun pouvoir là-dessus.

Je vais me coucher avec la conviction que demain est à jour à part. Ce sera le premier jour.

 

Publié dans covid-19

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