La Covid en montagne

Publié le par Raphaëlle

Chanceux que nous sommes, nous sommes partis en vacances. Nous avons décidé de ne pas annuler. Pas une fois de plus.

Nous avons changé d’air, laissé derrière nous le quotidien et les frustrations. Nous avons investi la montagne, abandonnant la ville. Mais ce que nous n’avons quand même pas pu quitter complètement, c’est elle : la Covid.

On ne se faisait pas d’illusions, on savait qu’elle serait présente. Plus ou moins. Et elle s’est effectivement fait une petite place dans nos bagages, se faufilant entre les combinaisons de ski et les draps. Malgré le peu de place qu’il restait dans la voiture, elle s’en est trouvée une petite, juste de quoi nous rappeler qu’on ne peut pas la fuir.

 

Que représente-t-elle aujourd’hui pour nous et en ce lieu ?

Outre le fait que les remontées mécaniques sont fermées, évidemment, on la remarque ailleurs. Discrète mais tenace.

On la retrouve, tapie dans chaque commerce, lorsqu’on doit sortir notre masque de la poche. Pas celui qui nous permet de garder les yeux ouverts au milieu d’une tempête de neige ou lors d’une descente en luge et qui donne l’air cool ou ringard. Non, on parle bien de l’indispensable des derniers mois. Le masque, tissu ou chirurgical, peu importe, qu’il ne faut plus jamais oublier sans quoi on peut rester à la porte.

Dans les boutiques, le masque n’est pas le seul signe qui ne trompe pas. Nous sommes toujours impactés, et lourdement, par ce fichu virus. Les clients sont rares. Tellement rares que lorsqu’on engage la conversation avec les commerçants, on entend leur désarroi bien avant de parler météo. Ils sont abattus. Ils nous remercient d’être là et de consommer quand ils ont assez la foi pour le faire. Je m’attendais presqu’à voir les larmes couler sur les joues de cette commerçante qui racontait qu’elle avait ranger toute sa boutique pour passer le temps. Ou pour ne pas ressentir, durant quelques heures, la tristesse qui la tenaille.

 

On retrouve ce même désarroi à l’école de ski ou chez les prestataires. Ils accusent le coup et semblent reconnaissants de notre présence même si, ne nous mentons-pas, cela ne suffira jamais à sauver leur saison. Ils passent beaucoup de temps au téléphone à annuler et rembourser. A expliquer et parlementer.

Les guides aussi, pendant une montée dans la poudreuse, ne peuvent s’empêcher de l’évoquer. Elle les contraint, elle change leurs plans, leurs activités. Plus de ski alpin, le guide devra désormais grimper à la force de ses jambes. Plus de pause pour partager une boisson tout en admirant la montagne : chacun doit se porter sa bouteille d’eau.

 

La Covid a aussi changé la manière de faire. Les renseignements se prennent à distance. Nous nous sommes rendus au guichet des guides. Fermé. Ils n’accueillent plus. Il faut envoyer un courriel ou téléphoner ou même envoyer un texto. Mais pas de présence physique.

 

Ne parlons même pas des restaurants. Quel plaisir pourtant de déguster une fondue savoyarde dans un environnement chaleureux et typique. Choisir un plat bien montagnard sur la carte. Se régaler sans avoir à faire la vaisselle !

Ou s’installer en terrasse avec un thé bien chaud (ou un vin chaud pour les amateurs) en observant les skieurs chuter. En délassant les jambes fatiguées. Et pourquoi pas mordre avec gourmandise dans une gaufre au nutella, semi-allongé sur un transat…

Et le couvre-feu ! Certains restaurateurs maintiennent un service de livraison mais le couvre-feu à 18 heures nous oblige à rentrer dans notre grotte pour ne plus en sortir. Loin de nous alors l’idée de faire appel à ce genre de service. On a le temps de cuisiner et on a forcément prévu de quoi manger. C’est mieux pour notre portefeuille et même, sûrement, pour notre ligne. Mais c’est moins convivial, moins festif et l’économie du lieu tourne au ralenti, comme anesthésiée par le froid.

Enfin, le couvre-feu nous oblige à calculer l’heure du départ pour ne pas être sur la route à 18h. un détail. Un de plus.

 

Dans l’ensemble, nous avons passé une merveilleuse semaine. Je ne m’en plaindrais évidemment pas. Mais une pointe de tristesse ou d’abattement, les mêmes qui nous ont envahis en regardant les remontées mécaniques à l’arrêt, nous aura accompagnée tout du long. La vie est fort différente depuis bientôt un an. Rien n’est tout à fait comme avant.

 

 

Publié dans covid-19

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