Retour à l'école: critiquer ou faire confiance
Si tu parcours les réseaux sociaux, tu auras remarqué que c’est la mode du coup de gueule. Et puisque c’est dans l’ère du temps de se plaindre gravement et que je suis moi-même agacée par ceux qui ne font que râler, voici mon coup de gueule à moi.
Attention, cet article risque de ne pas vous plaire si vous faites partie, notamment, de ceux qui relaient les messages fustigeant l’état et le monde pour la gestion désastreuse du retour à l’école. Oui, cet article pourrait vous donner l’envie de pousser un coup de gueule. Vous êtes averti. Rien ne vous oblige à poursuivre la lecture…
Et voici mon avis (qui n’engage que moi. Et si je suis ouverte à toute discussion, je suis plutôt fermée aux critiques non constructives. C’est dit).
Il y a les parents qui crient au scandale parce que les écoles ont rouvert alors que le virus rode toujours dans le coin. Ils trouvent lamentable d’exposer les enfants pour des raisons qui seraient juste économiques. Et puis, eux ou d’autres trouvent aussi violent et inadmissible de traiter les enfants avec la rigueur sanitaire qui obligent à de la distance.
La situation n’est pas idéale. Qui dirait le contraire ? Mais faut-il toujours critiquer ?
Pourquoi rouvrir ?
Si la vraie raison est peut-être seulement économique, parce qu’il faut permettre aux gens de reprendre le travail, il n’en est pas moins vrai que nous ne pouvons indéfiniment vivre en confinement.
Comment imaginer vivre en confinement encore des mois ? Ce n’est pas bon pour l’économie, certes, mais ce n’est pas bon pour le moral non plus. Ce n’est bon qu’à éloigner le risque de la contamination d’ailleurs.
L’Humain avant tout, je suis d’accord, mais dans notre système actuel, la vie économique doit reprendre. Parce que cela signifie des salaires. Cela signifie un retour à l’emploi pour certains et un retour à un salaire plein pour d’autres. Peu de gens peuvent vivre sans être payés.
Et rouvrir les écoles, c’est le premier pas vers une (nouvelle) normalité.
Et si ce virus, ou un autre, devait faire partie de nos vies, il faudrait bien l’y intégrer même de mauvaise grâce. Ou arrêter de vivre ? Non, il faut s’adapter. On ne peut éternellement miser sur la disparition de la maladie. Je pense qu’il faut essayer.
Mais comment accepter les protocoles qui pourraient traumatiser nos enfants ?
C’est peut-être parce que je fais partie de ces travailleurs qui œuvrent pour un retour à l’école dans les meilleures conditions possibles que je suis agacée par ces critiques incessantes. Ou parce que je suis une maman pragmatique qui essaie de préparer ses enfants à la vraie vie, aussi pénible soit-elle.
Quoi qu’il en soit, je crois qu’un enfant peut supporter la vue des masques et la distance physique. Et je crois que c’est en expérimentant que nous trouverons des pratiques plus acceptables. On ne peut espérer trouver les solutions sans essayer.
Et puis, je crois qu’un enfant ne peut être mis dans une bulle, protégé de tout. Je crois même que trop protéger son enfant c’est le fragiliser. Comment vivra-t-il le monde réel et brutal le jour où il devra y être confronté si, toute sa vie d’enfant, il aura vécu dans le monde des bisounours ?
Comme la frustration, les contraintes doivent faire partie de la vie de l’enfant afin de le construire en adulte prêt à affronter la réalité.
Naturellement, moi aussi je préfèrerais que ma fille puisse retrouver ses copains, dire des secrets dans le creux de leurs oreilles, les embrasser. Moi aussi j’aimerais que ce soit différent. Comme tant d’autres choses ! Mais, puisqu’aujourd’hui, nous devons vivre avec le virus, essayons d’avancer et d’accepter les expérimentations qui permettent de progresser.
Comprenons-nous bien. Je ne juge pas le choix des parents de ne pas mettre leurs enfants à l’école. Chacun prend ses décisions en son âme et conscience. Je ne comprends juste pas ce besoin de remettre en question les efforts qui sont faits pour tendre vers une vie un peu plus normale. D’autant que, franchement, tous les acteurs du retour à l’école ont comme préoccupation première la santé et le bien-être des enfants. Qui peut penser qu’on met sciemment des enfants en danger ou qu’on se moque totalement de leur ressenti ?
Je conclus. Soit tu les mets pas à l’école mais pas la peine de fustiger ceux qui imaginent demain. Soit tu les y mets, par choix ou par obligation, et tu fais un peu confiance à ces milliers de gens qui se creusent la tête pour accueillir ton petit.
La vie est un risque. En mettant au monde nos enfants, nous les avons soumis à la réalité, exposé aux menaces. Nous faisons toujours de notre mieux pour les protéger mais, je le pense sincèrement, protéger c’est parfois accepter le risque. A nous de leur expliquer et de les préparer. A nous de leur rendre cette expérience acceptable et riche d’enseignements.