Mon féminisme

Publié le par Raphaëlle

Je me pose de plus en plus de questions sur des thèmes très actuels comme : le féminisme, la charge mentale, l’éducation non-genrée et ce genre de choses qui ont pour point commun la position de la femme dans notre société.

Je m’interroge et je crois que tout le monde devrait le faire.

 

J’ai le beau rôle

Je suis blanche, sans handicap, sans problèmes d’argent ou de travail. Mes enfants sont en bonne santé et ne présentent pas de troubles particuliers. Je suis privilégiée, préservée.

Ma seule particularité, si l’on peut dire, est que je suis une femme dans un monde encore très patriarcal mais dans une société assez progressiste et ouverte aux évolutions en tout genre.

Alors, pour faire écho à un précédent article, ai-je le droit, la légitimité de parler de sexisme ? De souffrances dues à l’état de femme ?

Nombreux sont ceux qui m’ont répondu que oui, on pouvait parler de tout. Alors oui, je veux parler de féminisme alors même que je ne suis pas spécialement en souffrance.

 

Peut-être même que je me dois de le faire justement parce que ce n’est pas une souffrance. Je ne suis pas dans la revendication, la haine, la colère ! Je suis dans la réflexion posée. Je m’interroge en toute tranquillité avec du recul et autant de discernement que possible.

Tout comme il est bienvenu qu’un Homme blanc défende la cause des Hommes noirs dans une société ségrégationniste ! Encore que, en tant que femme, je suis tout de même concernée personnellement par le sujet.

Ou tout comme il est intéressant qu’une personne handicapée s’exprime au même titre que d’autres porteurs de handicap parfois plus lourds ?

 

Bref, vous avez compris l’idée. Je ne suis pas à plaindre mais je fais partie du jeu.

 

 

C’est quoi le féminisme pour moi ?

Je n’ai pas les connaissances et les compétences de beaucoup mais je me sens concernée comme la plupart des femmes, évidemment. Et le féminisme, à mon niveau, c’est de faire remarquer les petites inégalités qui pourraient passer inaperçues et qui, telles des briques, s’accumulent pour créer une construction solide. Car c’est bien pierre après pierre qu’il faut déconstruire le patriarcat.

Mon féminisme tient donc à de petites actions : observation, analyse, remarque.

Il s’agira plutôt de participer aux débats ou d’en faire naître lorsque les droits des femmes à être considérées comme égales aux hommes sont piétinées. J’agis en paroles, avec des mots. Je fais part de mes interrogations et j’en discute.

Mais ma partie, vous le savez, c’est plutôt la famille, les enfants. Et c’est en famille que j’exécute ce travail de longue haleine. Petit à petit.

Les remarques sur le fait que chéri travaille, sous-entendant (mais je suis peut-être paranoïaque ?) que moi, pas vraiment, me blessent et m’irritent. Aujourd’hui, chéri ne compte pas ses heures au travail, c’est vrai, tandis que je suis à 35h. Et le salaire qu’il récolte à la fin du mois tient compte de cet investissement.

Moi, avec mes 35h hebdomadaires, je dois en plus jouer quelques petits rôles de figuration : taxi, aide-soignante, lingère, cuisinière, coach scolaire, gestionnaire de tout, organisatrice d’événements… Et ces heures-là, elles sont non rémunérées.

J’ai failli écrire que je suis chanceuse, parce que chéri fait sa part quand il est là. Mais ça ne devrait pas être vécu comme de la chance ! C’est normal ! Et mon combat féministe tient en un rééquilibrage de la répartition des tâches. Chez moi. Mais aussi chez les autres par des sous-entendus ou des phrases plus franches. Je n’hésite pas à rappeler à certains hommes de mon entourage, et même à certaines femmes, qu’ils n’ont pas à aider mais qu’ils ont bien à s’occuper, au même titre que les femmes, des affaires de la maison.

 

L’essentiel de ma participation réside dans l’éducation que je donne à mes enfants. Voilà, à mon sens, une vraie action, concrète. Je ne vais pas jusqu’à l’éducation non-genrée car, je l’ai déjà dit, je considère bien qu’il y a des différences entre les femmes et les hommes. La force physique est leur prérogative. Nous donnons la vie.

Et les stéréotypes ne me gênent pas forcément s’ils sont raisonnés et raisonnables. Ce serait une réflexion que je devrais mener. Je la garde pour plus tard.

Même si j’ai habillé mes filles aves des robes et leur ai offert des poupées, même si je n’ai pas vêtu mon fils de rose et qu’il a reçu des jouets de « garçon », je n’ai eu de cesse de leur enseigner que les femmes valent les hommes. Je n’ai pas bondi lorsque numéro 2 a porté les robes de sa sœur et je ne lutte pas pour que numéro 1 soit plus féminine.

Je ne leur interdis aucun rêve.

 

Je ne vais pas dans la rue, n’écris pas de pamphlets mais je crois que chacun est acteur à son niveau. Le féminisme est une lutte de tous les jours qui donne timidement ses fruits au fil des années. En éduquant au mieux nos enfants, nous pouvons espérer une récolte riche dans les années à venir.

Et tant que certains hommes (et même des femmes) trouveront normal que la femme compte moins, soit moins considérée, alors le féminisme sera un mot vivace et chacune et chacun devra continuer à le faire vivre.

 

 

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A
Le quotidien c'est tout aussi efficace que les grandes manifs. les deux sont nécessaires et les discours permettent aussi d'avoir ce regard sur le quotidien et des arguments pour celles et ceux qui "ne voient pas le problème"... en plus avec des aguments "quotidien" ça permet souvent de faire plus prendre conscience. En gros le mari d'une voisine si je lui dis "mais tu te rends compte il n'y a que XX% de femmes députés" il s'en fiche...alors que si pris sur le fait je lui fais remarquer qu'il ne s'est pas levé de table de tout le repas, ou que ça me choque qu'il ne connaisse pas le planning des activités extrascolaires de ses enfants, ça peut peut être plus efficacement faire tilt! ;)<br /> <br /> (je crois que tu as oublié un "plus" dans la phrase Les remarques sur le fait que chéri travaille, sous-entendant (mais je suis peut-être paranoïaque ?) que moi, pas vraiment, me blessent et m’irritent mais on a compris l'idée ;)
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R
Malheureusement, je n'ai pas oublié le mot "plus". J'ai déjà entendu la remarque d'invités "On y va, Chéri travaille demain". Comme si moi, je ne travaillais pas. Ou alors ça compte pas.<br /> Et effectivement, le quotidien est l'arène dans laquelle nous combattons tous!
E
Travailler au féminisme dans un petit cercle comme la famille et les amis, ce n'est peut-être pas le grand militantisme exubérant de beaucoup, mais c'est encore ce qui marche le mieux ! Parce qu'on écoute bien plus facilement l'avis des personnes de notre entourage que celui de parfaits inconnus !
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R
Et si chacun ajoute sa petite pierre à l'édifice... <br /> Je crois effectivement que l'éducation est la clé pour un avenir meilleur sur tous les sujets: féminisme et écologie notamment. Fabriquons les citoyens de demain!