Sous contrôle
La chanson est à la mode : je ne veux pas perdre le contrôle (i don’t wanna lose control)
Je le sais depuis fort longtemps, mais je m’en rends réellement compte petit à petit : j’ai du mal à lâcher, j’ai besoin de garder le contrôle. Et je suis en stress quand je ne suis pas à la barre.
J’apprends à me détacher, à déléguer mais c’est difficile.
Tout contrôler
Ce n’est pas un choix ou une volonté consciente. C’est plus fort que moi. Et depuis toujours j’imagine.
En fait, je râle et je me plains parce que j’ai trop à faire mais je garde mes corvées comme si elles n’étaient qu’à moi. Je ne crois pas qu’il s’agisse d’un manque de confiance. A moins que…
Un exemple ? Les impôts. Les comptes. Et les papiers en général. Je préfèrerais aller me faire masser ou même lire un livre plutôt qu’additionner, soustraire, vérifier… Mais si je ne le fais pas, personne ne le fera. En tout cas, certaines choses ne seront pas faites car elles n’ont de l’importance que pour moi finalement.
Chéri s’est bien proposé de s’occuper des impôts. Je sais qu’il le ferait correctement. Mais je sais aussi que j’aurais trop de mal à ne pas aller voir ce qu’il fait. As-tu pensé à ça ? As-tu fait ci ? Ça l’agacera et moi, je n’y gagnerais pas. Alors, soit je lâche complètement, soit je fais. Tu as compris, j’ai choisi.
Je peste contre le repassage. J’avais bien dit que je laisserai les enfants se débrouiller. Mais je ne le leur demande presque jamais. Je continue à repasser le linge de tout le monde. Toutefois, j’accepte que numéro 2 s’occupe du sien. Et pourquoi j’accepte ? Parce qu’il s’impose. Il le dit et il le fait sans attendre que je m’y mette. Tiens… une piste à creuse… Peut-être que je suis capable de lâcher à condition qu’on ne me laisse pas le choix.
Les conséquences
J’ai donc l’illusion de contrôler ma vie et celle de ma famille et la pression de devoir le faire. Je m’oblige. C’est mon rôle, mon obligation. Et j’alourdis ma charge mentale.
Cela engendre du stress. Et de la culpabilité. Je me fais des listes longues comme le bras : faire les courses, les repas, le repassage, passer à la pharmacie, faire les comptes, mettre des objets en vente, ranger le placard, fabriquer de la lessive, prévoir les vacances, prendre rendez-vous chez le dentiste, préparer un concours insta ; réfléchir, penser, se souvenir, prévoir, programmer, prévenir, rappeler…
Il s’agit de charge mentale pure et dure. Et je ne sais pas l’alléger parce que je suis dans la croyance que si je ne fais pas, ce ne sera pas fait. Je dois donc tout contrôler.
Mais cela conduit également à des incompréhensions. Mon entourage ne saisit pas forcément le pourquoi d’une telle pression. Il suffirait que je me détende ! Il n’y aurait rien de grave à ce que les choses ne soient pas faites comme je le veux ou dans les temps que je me suis imposés ! Pourquoi je m’énerve ?
A l’évidence, si je ne contrôlais pas tout, le monde continuerait sa course, les enfants auraient à manger, la maison ne s’écroulerait pas. Mais…
Mais. Suis-je dans le faux ? Est-ce que, si je lâchais la barre, les chats auraient leur visite annuelle chez le vétérinaire ? Les services municipaux seraient-ils payés dans les temps ? Pourrait-on mettre de l’argent de côté ? Retrouverions-nous le document utile au moment indispensable ? Aurions-nous assez de sous-vêtements propres dans nos placards ?
Toujours plus
Alors tant pis si ce besoin de contrôle contrarie un peu. Je ne lutte pas contre car je ne sais pas faire et j’ai peur du chaos (qui n’est peut-être que dans ma tête).
Et je pousse même le concept un peu plus loin. Je cherche désormais à maîtriser aussi mon alimentation et mon corps. Et mon image au-travers de mon physique et de mon blog et mes réseaux sociaux.
Je ne crois pas être dans l’extrême mais je maintiens un niveau de contrôle qui m’apaise tout autant qu’il m’oppresse. Et je suis à peu près certaine que la plupart des parents, et surtout la plupart des mamans, connaissent ce sentiment, cette pression.
I don’t wanna lose control