Quelle légitimité à évoquer tous les sujets?

Publié le par Raphaëlle

Je me suis interrogée sur l’opportunité de parler de tout dans un de mes derniers articles. Ce à quoi j’ai répondu que oui, on pouvait évoquer tous les sujets à la condition de prendre en considération les potentielles conséquences et de ne faire souffrir personne.

Aujourd’hui, je me questionne sur la légitimité de traiter de certains sujets.

Est-ce que je peux parler de deuil périnatal ? Est-ce que je peux laisser ma plume pénétrer dans le sujet des séparations ?

 

Pas légitime

J’avais écrit un article sur la perte d’un enfant il y a des années, que je n’ai jamais publié. Je l’ai gardé au chaud car je ne voulais surtout pas blesser davantage la femme qui m’a inspiré le sujet. Sa douleur devait être tellement insoutenable que j’avais peur d’en rajouter. Qui suis-je pour parler de ce que je ne connais pas intimement ? J’imaginais déjà les réactions négatives car moi-même, je n’étais pas sûre de moi.

Il me semblait maladroit et peut-être cruel de parler de la perte d’un enfant alors que j’avais la chance d’avoir tous mes petits auprès de moi.

Dans le même esprit, j’ai parfois eu envie d’écrire sur les couples qui se séparent. Que s’est-il passé pour en arriver à de telles extrémités ? Comment vivre de tels moments ? Mais j’ai la chance d’être toujours avec l’homme avec qui j’ai tout construit. Je ne suis pas concernée. N’aurait-il pas été malvenu de ma part de poser des mots sur la fin d’une histoire d’amour quand la mienne tenait encore la route ? Je craignais que cela soit pris pour, au minimum, un manque de considération.

Car l’opinion des lecteurs est importante, évidemment. Et tenir compte des sentiments de ceux qui me lisent est un signe de mon respect pour eux.

J’écris d’ailleurs toujours sur des sujets personnels. Sur ce que je vis, ce que je ressens. C’est l’essence même de mon blog.

 

Et pourtant

Si je n’ai pas vécu personnellement certaines situations, j’ai pu en être spectatrice ou jouer un petit rôle de figuration. J’ai ressenti de la peine, de la joie, de la compassion en observant la vie des autres. Et cela m’a donc touchée avec plus ou moins de force selon que je me suis identifiée ou que j’étais proche de la personne à qui l’événement est arrivé.

C’est en ce sens que je me sens légitime d’écrire sur des sujets dont je ne tiens pas le rôle principal. Je crois que tout le monde peut évoquer les sujets qui lui tiennent à cœur à la condition de rester dans son propre rôle. Ne pas parler aux noms des autres. Ne pas avancer de vérités qui n’en seraient peut-être pas. Ne pas juger non plus. Même si cette dernière promesse est plus difficile à tenir car nous sommes trop souvent dans le jugement, malgré nous.

Un article sur un tel sujet est plus délicat à rédiger mais j’imagine que l’avis d’une tierce personne peut avoir son importance. Et c’est en lisant les posts instagram d’une maman qui a perdu son enfant de 6 mois que cette vérité s’est imposée à moi. Elle y parle souvent de son bébé et des réactions de son entourage plus ou moins lointain. Elle regrette que les gens n’osent pas en parler, en fassent un tabou. Pour la protéger peut-être mais ce n’est pas ce qu’elle souhaite. Elle préfère que son enfant vive dans les paroles et les pensées des autres plutôt qu’il soit tu.

Elle autorise donc, elle encourage même à ce que l’on parle de ce qu’elle a vécu elle. Sans prendre sa place, en gardant la nôtre.

Ainsi, chacun peut donc tout évoquer avec le prisme de son propre vécu et de ses propres sentiments, dans le respect de l’autre. C'est en tout cas ma conclusion, en ce jour.

 

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