Patience, Persévérance et Récompense: partie 2
Voici maintenant l’histoire de Persévérance.
Ceux qui me connaissent et ceux qui me devinent le savent : je suis plutôt persévérante. Ce doit être mon côté breton : demain, j’y arriverai !! (si tu n’as pas connu le monde sans internet, tu ne connais sûrement pas cette publicité).
Parfois, comme vous, comme tout le monde, j’ai juste envie de lâcher. Mais une maman n’a pas ce droit. Il faut toujours aller de l’avant, rebondir, continuer.
Mais cette histoireprécisément, c’est celle d’une session de wakeboard. Je ne vous parle pas de leçon de vie et de périple philosophique. Non. Cela se déroule sur un lac sur lequel est tendu un câble qui permet à des gens en mal de sensation de tourner en rond (en quoi d’autre ?), les mains sur le palonnier au bout de la corde et les pieds sur une planche qui semble être dotée d’une conscience. Et pour tout vous dire, la planche de wake avait pleinement conscience qu’elle pouvait faire de moi son pantin. Et elle ne s’en est pas privé !
Chéri, Maëline et moi nous sommes rendus au Lake city pour une session de wake donc. La dernière fois que j’en avais fait, il y a fort fort longtemps, j’avais réussi le départ et échoué à chaque fois dans les 100 mètres. Des modules (tremplins pour amateurs de sensations fortes maîtrisant leurs corps) sont plantés là, près du départ. Il faut passer entre les deux. Inévitablement, la corde m’emmenait vers celui de gauche et inévitablement, je la lâchais de peur de me le prendre sauvagement.
Mon défi du jour était donc de dépasser ce p*%@ de module. Mais je suis arrivée au lac en stress et en pression. Pour autant, j’avais dit que je le ferai donc t’as compris.
J’ai enfilé la combinaison, j’ai choisi un gilet et un casque et j’ai saisi une planche.
Ok, jusque-là, je gère.
Puis je me suis mise sur le départ et j’ai écouté les conseils du gentil monsieur. Il m’a même aidée en levant un peu ma jambe de devant, histoire que je ne plante pas tout de suite.
J’ai planté tout de suite. Premier essai, premier échec. L’eau est froide. Surtout quand ta combi est trop grande et qu’il faut patienter derrière les autres pour passer à nouveau. Et pendant ce temps, chéri et numéro 1 font des tours de lac en admirant le paysage.
J’écoute à nouveaux les conseils, hyper concentrée, hyper gainée. Cette fois, je réussis le départ mais je suis trop en arrière (d’aucuns diront que mes fesses pesaient) et je m’enfonce dans l’eau en lâchant la corde.
Qu’à cela ne tienne, je ne suis pas venue pour faire de la broderie. Je me remets en piste. Et non seulement mon départ est correct mais en plus je me mets debout. Et là, remake de la dernière session : je louche sur le module et mes mains lâchent la corde d’elles-mêmes. Grrrrrrr. Brrrrrrr.
Un nouveau départ et cette fois je fais la crêpe. Mon côté breton encore. Je m’étale de face, à 3 mètres de la zone de départ, histoire que tout le monde puisse profiter de mon talent.
Mais je vous l’ai dit, je suis persévérante. Et je peux vous dire autre chose : les autres clients pas doués sont heureux de me voir. Ça les rassure.
Je décide ensuite de tenter le départ debout parce que je me dis que, ben, je serai déjà debout. Et je le tente trois fois. Et j’échoue trois fois.
Oserais-je vous avouer qu’à ce moment-là, ma persévérance ne tenait qu’à une bribe de la corde et que j’avais juste envie de me sécher et d’oublier ma déconvenue. Je n’ai pourtant pas abandonné et c’est exactement là que je mets toute ma fierté du jour.
Je retente un départ assis et va savoir pourquoi, j’y arrive. Et une fois de plus, je lâche juste avant le module. J’y retourne plus décidée que jamais. Je suis trop près du but ! Rappelez-vous aussi que mon objectif n’était que de dépasser ce p*%@ de module. Il faut savoir rester humble.
Nouveau départ réussi. Virage négocié. Et enfin !!!!! Module dépassé !! C’est alors que je calcule l’obstacle suivant : le virage. Le vrai. Celui que ma fille n’a pas passé. Je réfléchis. J’appréhende et je fais un vol plané. Mon pied décide de rester un peu plus longtemps avec la planche quand mes mains ont déjà rompu avec la corde. Un désaccord qui s’est soldé par un bleu sur le pied.
Je suis frigorifiée et un tantinet énervée d’être aussi nulle. J’hésite à arrêter. J’attends ma grande qui vient de chuter également et je lui fais part de ma volonté d’arrêter et de mon envie, pourtant, de réessayer.
Evidemment elle m’encourage à poursuivre. J’y retourne. Parce que je sens que je dois graver cette « réussite » dans le marbre. Je dois réussir au moins une deuxième fois pour inscrire le geste dans mon corps. Je tremble tout ce que je peux. Et j’ai mal au pied. Je l’enfile pourtant dans la planche. Je me concentre. Je rassemble mes dernières forces et je pars.
Ça y est. Mon corps a compris comment partir et comment dépasser le module. Il doit maintenant attaquer ce p*%@ de virage (oui, les p*%@ se conjuguent à tous les obstacles récalcitrants). Je m’approche, je tire un peu pour passer entre les bouées. La corde se relâche. Je m’écrase.
C’en est trop. (et puis c’est l’heure aussi hein). J’arrête.