Moi? Timide?

Publié le par Raphaëlle

Si vous me demandiez une de mes caractéristiques, je vous répondais : timide. Plutôt défaut que qualité selon la situation. Mais la timidité est associée à la discrétion, non ? Et dans ce cas, c’est bien ? Mais moi, ma timidité, elle m’handicapait.

Et pourquoi ai-je envie de vous en parler ?

Parce que j’ai un peu changé. Enfin, beaucoup même. Et l’image que je renvoie a, elle, vraiment beaucoup changé. Et pour tout vous dire…

Lundi soir, comme pratiquement tous les lundis soir, j’étais à l’entrainement de hand loisir (c’est comme du hand mais en dilettante). Je fais partie de l’équipe depuis plus de 15 ans. Je fais quasiment partie des murs. Je m’y sens bien. C’est un peu chez moi. Et j’y suis donc très à l’aise. Trop diraient certains, surtout quand je me mets à chanter à tue-tête.

Je plaisante, je parle fort, je dis un tas de bêtises et je ris. Aussi, quand nous accueillons des nouveaux, ils ont l’impression que je suis une fille (une femme ? Ah ouais, on est obligé à 44 ans ?) extravertie. Alors, je veux bien qu’on dise de moi que je suis extra mais je ne me considère nullement comme extravertie.

Et ce lundi, j’en suis venue à dire que je suis timide. Et le nouveau, ben il ne m’a pas cru. D’un ton ironique, il a sous-entendu que j’en étais loin. Et ça m’a fait réfléchir. Peut-être ne suis plus timide ?

 

Autrefois

J’ai commencé ma carrière d’humain dans la timidité la plus opaque. Celle que personne ne pénètre. Je fuyais plutôt les contacts. Enfin, entendons-nous, j’arrivais à lier des amitiés mais il m’était difficile de sortir de ma zone de confort. Je le faisais par obligation. Je m’y obligeais moi-même mais j’étais alors en grande souffrance avec une seule envie : rentrer chez moi m’abriter.

Je parlais donc peu aux autres, ceux qui étaient en dehors de mon petit cercle familier. Pénétrer une boutique était ma plus grande phobie. J’évitais. Si je ne pouvais m’extraire à cette épreuve, je baissais la tête pour essayer de devenir invisible. Et si un vendeur avait l’affreuse idée de me demander « je peux vous aider ? », je balbutiais un non tout moche et je me précipitais vers la sortie.

Mon cœur s’emballait et je devais lutter contre moi-même. Je ne vous raconte pas les premières ! Mon premier rendez-vous chez l’esthéticienne était un supplice. J’étais enceinte et c’est ce qui m’a donné assez de contenance pour me lancer. Un gros ventre, ça protège de tellement de choses !

Appeler un inconnu… youhou !! Anxiogène. Remarque que, aujourd’hui encore, je n’aime pas. Comme beaucoup de monde me semble-t-il (vas-y, rassure-moi en commentaire), je préfère un mail ou un texto qu’une conversation téléphonique ou, pire, un face à face.

 

Aujourd’hui

Après 3 grossesses, 3 accouchements (c’est mathématique), 4 décennies à parcourir la vie, des changements de boulot, de nombreuses absences de chéri… j’ai pris un peu d’assurance. Je suis moins timide mais je me considère cependant toujours comme telle.

Ainsi, aujourd’hui encore, il m’arrive d’envoyer un enfant ou plus souvent chéri pour parler à des inconnus. Si je ne maitrise pas mon domaine, j’ai du mal à être à l’aise. Et c’est en écrivant (quand je vous dis que l’écriture est thérapeutique. Vous devriez essayer !!) que je me rends compte qu’il s’agit peut-être davantage de manque de confiance en moi que de timidité ? Peut-être souffré-je des deux ?

J’ai donc l’air de ne pas être timide, mais à l’intérieur de mon petit être fragile, je suis encore une enfant apeurée. La timidité m’accompagne depuis longtemps et si elle prend de moins en moins de place, elle est toujours là, prête à me bloquer pour des broutilles. J’ai juste appris à lui résister plus fermement. Non mais !!! C’est qui le patron !!!

 

Timide ? Pas timide ? Je ne sais pas trop. Nous avons certainement tous un dosage différent. En tout cas, ce dont je suis certaine, c’est que l’image que l’on offre n’est pas forcément le reflet exact de ce que nous sommes. D’ailleurs, un reflet est bien différent selon la surface qui le reçoit, non ? Regarde-toi dans une flaque d’eau huileuse ou dans un miroir parfait et tu ne verras pas la même personne.

Ce lundi, mon image était la moi dans un miroir bienveillant et familier. Mais ça ne reste qu’une représentation de moi dans le regard de quelqu’un qui ne me connait pas. Et puis finalement, qui me connait ?

 

Publié dans Pas qu'une maman

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