Péridurale: la polémique

Publié le par Raphaëlle

Je lis régulièrement des posts sur la péridurale. Certaines la défendent, d’autres la fustigent presque. Il paraitrait que l’accouchement sans péri serait le graal. On récupérerait mieux. Et puis c’est plus naturel et c’est vécu comme une victoire sur la douleur, sur le monde médicalisé, sur soi-même.

J’avoue que j’ai eu ce genre de pensées au point que je me suis dit, pour numéro 3, que j’allais essayer…

 

Mes expériences

Pour numéro 1, je ne me suis pas posé la question. Ou alors, je ne m’en souviens plus (c’est si loin déjà !!). J’ai commencé à avoir des contractions le vendredi soir et elles n’ont cessé jusqu’à l’accouchement, le lundi matin à 1h50. Supportable les premières heures, elles m’ont cependant fatiguée, épuisée. J’ai passé 2 nuits presque sans dormir.

Puis la douleur s’est intensifiée. J’ai tenu le plus longtemps possible pour ne pas vivre l’expérience de la visite à la maternité et du retour à la maison pour « faux travail ». J’ai serré les dents, j’ai soufflé comme un buffle et j’ai tenu mon ventre qui devenait dur comme la pierre.

Le dimanche soir, je n’en pouvais plus. J’ai ressenti la contraction de trop. Celle qui m’a fait dire « c’est maintenant, on y va ». Lorsqu’on m’a proposé la péridurale, j’étais déjà tellement fatiguée et douloureuse que j’ai immédiatement dit oui. J’ai attendu l’anesthésiste comme le messie et malgré sa mauvaise humeur, je l’ai béni.

Maëline s’est cependant fait attendre. Elle ne descendait plus et l’obstétricien est allée la chercher à coup de forceps. Mieux vaut être anesthésiée ! L’accouchement ayant duré plus longtemps que prévu, la péri ne faisait plus effet quand ils ont voulu récupérer le placenta. Et je peux vous dire que je l’ai senti passer !!!! Alors heureusement que j’ai bénéficié de la péridurale.

 

Pour numéro 2, je n’ai pas pu me poser la question. Monsieur ne voulait pas sortir de lui-même, nous avons dû l’y inviter, 5 jours après le terme. Il a donc été question de déclenchement. Un acte très médicalisé qui s’est accompagné d’une péridurale. J’avais certainement le choix mais j’ai pris le package.

Il a pris son temps et lui aussi est resté bloqué en chemin. L’obstétricienne a dû l’aider également à descendre avec les cuillères. Que se serait-il passé si j’avais accouché « naturellement » ?

 

Pour numéro 3, quelques années plus tard, je me suis posée la question. Je savais que ce serait le dernier enfant, le dernier accouchement. Je voulais absolument tout vivre à fond. Je voulais que l’allaitement se passe bien. Et je voulais accoucher sans péridurale. Pour essayer. Pour le vivre une fois.

Et quand les contractions se sont invitées puis se sont accélérées… quand le monitoring partait dans les hauteurs et que je retenais mon souffle pour essayer de supporter la douleur, j’ai immédiatement capitulé. J’ai demandé la péridurale.

 

Ce que j’ai pensé

J’ai rêvé mes accouchements et ma vie de maman en général comme le font beaucoup de futures mamans. J’ai idéalisé. J’avais des principes, des idées, des rêves. Je voulais absolument accoucher par voie basse, je voulais garder mon enfant près de moi, je voulais allaiter… Même le déclenchement, je l’ai vécu comme un échec. J’ai repoussé le moment aussi longtemps que l’acceptait la clinique. Je voulais que tout soit le plus naturel et le plus physiologique possible.

Je pensais qu’une césarienne était un accouchement raté.

Et ce n’était pas l’époque d’internet et des réseaux sociaux. On trouvait les informations dans les magazines et dans les témoignages de nos connaissances. Les idées véhiculées étaient les mêmes qu’aujourd’hui sur instagram. Et les mamans étaient tout aussi influençables qu’elles le sont aujourd’hui. Moins sollicitées toutefois par l’abondance d’informations qui nous submerge de nos jours.

 

Ce que je pense aujourd’hui

Je n’imaginerais pas être opérée sans anesthésie. Ça me semble absurde. Et je suppose que vous pensez comme moi, non ? Pourquoi aller se faire charcuter, même quelques points de suture, à vif quand il suffit de bénéficier d’une petite piqûre pour ne pas sentir la douleur ? Puisque nous avons inventé l’anesthésie, pourquoi s’en passer ? Pourquoi se faire arracher une dent sans anesthésie ?

De la même façon, je n’essaierai pas de combattre une infection par la seule force de mon esprit. Et encore moins si c’est mon enfant qui est touché.

 

Est-ce que j’irais chez ma mère, à 650 kilomètres de chez moi, à cheval ou à pied parce que c’est plus naturel ? Pourquoi ne pas utiliser les moyens de déplacement modernes qui me font gagner en temps et en confort ?

 

Alors pourquoi vivre l’accouchement dans la douleur si on peut l’éviter ? Cela ne rend pas le moment moins magique ! Et la péridurale permet de vivre l’accouchement parfois plus sereinement. Certaines mères ont tellement souffert pendant la délivrance qu’elles ont rejeté l’enfant dans les premiers moments.

Evidemment, ce choix est propre à chacun mais il ne doit simplement pas être fait pour de mauvaises raisons. On n’est pas une meilleure mère parce qu’on a plus souffert à la naissance. Il ne faut pas rejeter la science par principe. Elle nous permet, le plus souvent, de vivre mieux et/ou plus longtemps.

Je comprends, et j’aurais aimé faire ainsi, les femmes qui choisissent de donner naissance loin des contraintes médicales. Mais je le répète, ce doit être un choix avisé et réfléchi et qui ne doit pas être forcé par la conviction que c’est mieux. Il n’y a pas de vérité, il y a seulement des expériences. Et la péridurale n’est pas à bannir et à maudire. Elle est un moyen qu’on utilise. Ou pas.

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J
J’ai dû subir une césarienne pour ma 1ere, programmée 5 jours avant… 5 jours à pleurer, + quelques jours après! Près de 14ans après, je ne suis pas allée au bout de ma grossesse, je n’ai pas accouché, c’est un échec que je n’ai pas encore tout à fait digéré !<br /> La péridurale n’a pas été un questionnement pour la 2ème… Et parfaitement effectuée j’ai bien vécu mon accouchement !
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R
Chaque accouchement à son histoire… et selon nos projections, nous la vivons plus ou moins bien. <br /> Pour ma part, je regrette encore et toujours l’échec de mes 2 premiers allaitements. J’évite d’y penser et je préfère me souvenir du 3ème qui s’est passé comme je l’espérais. <br /> Et pour la péri, elle permet souvent des accouchements sereins!<br /> Merci de me lire et de commenter 😉