Saga : Mammographie - 1

Publié le par Raphaëlle

Si tu as près de 40 ans ou plus ou si tu as des antécédents de cancer du sein dans ta famille, à coup sûr, tu y as droit. La mammographie…

Jusqu’à ce que la gynécologue me le conseille vivement, je n’avais même jamais songé à passer une mammographie. Je me sentais bien trop jeune et certainement un peu invulnérable aussi. Tant qu’on ne pense pas au danger, il n’existe pas vraiment. Mais comme je suis une patiente docile et une femme qui tient à la vie, j’ai pris rendez-vous.

 

La première fois, en 2016, j’y suis allée la fleur au fusil. J’avais bien entendu dire qu’on t’écrasait le sein sauvagement et que ça pouvait être douloureux mais que sont quelques minutes d’inconfort ou même de douleur supportable face à quelques années de tranquillité ? Car oui, quand le résultat tombe et qu’il est rassurant, on en prend pour des mois de quiétude.

Ce fut le cas. J’ai effectivement détesté le moment où mes seins ont été enserrés entre des plaques de plexiglas et j’ai même souffert un peu. Ce fut toutefois rapide. Rien d’insurmontable. Et j’en suis ressortie aussi légère que j’y étais entrée.

 

En 2020, lors de ma visite annuelle chez la gynécologue, elle m’a prescrit une nouvelle mammographie. Le Covid, les confinements, le temps qui défile… J’ai laissé s’écouler les mois. Et puis un jour, je me suis prise en main et j’ai pris rendez-vous pour fin août 2021. J’avais conscience qu’il fallait se débarrasser de cette formalité avant que l’ordonnance ne sois caduque.

 

Je me suis rendue à ce rendez-vous sans inquiétude particulière. Je me suis soumise à la torture sans pensées négatives. Jusqu’à ce que…

La gentille femme qui s’est occupée de moi a sorti les clichés et m’a invitée à patienter à côté pour l’échographie. Ça m’a paru un peu inquiétant alors que l’échographie était prévue. Je ne m’en souvenais simplement pas.

Quand le médecin m’a examinée, elle m’a expliqué. La radio montrait des petits points sur le sein droit. Des mini taches qui n’existaient pas la fois précédente. Pour s’assurer que ce n’était rien, il fallait refaire une mammographie plus poussée. Des agrandissements.

J’ai dû patienter un peu. Et pour la première fois, je me suis interrogée. Et si ? Je n’étais pas plus à l’abri que quiconque. Je pouvais déclarer un cancer du sein. Je pouvais être malade, flirter avec la mort… Dans ces moments-là, le cerveau est ton ennemi. Il passe en revue toutes les pires possibilités qui existent. Pire qu’internet, avec moins de savoirs cependant.

Je suis donc repassée dans la première salle. La jeune femme est revenue m’écraser les seins. Elle s’excusait de me faire mal et je serrais simplement les dents. Un agrandissement demande a priori d’être plus proche de la zone à immortaliser. Elle a donc serré plus fort. Lorsqu’elle me demandait de ne pas respirer, j’étais déjà en apnée. Et lorsqu’elle m’autorisait à respirer à nouveau, je soufflais de soulagement.

 

La séance terminée, j’ai à nouveau patienté jusqu’à ce qu’un médecin vienne me voir. Elle m’a expliqué qu’on constatait des microcalcifications rétro-aréolaires du sein droit. Des calcifications rondes punctiformes et peu nombreuses. Il fallait être prudent car la mammographie de 2016 ne montrait rien. Il y avait donc eu une évolution, un changement.

Elle m’a précisé qu’une biopsie serait peut-être nécessaire pour vérifier ce qu’il en était. Elle allait demander l’avis du staff, qui se réunit le jeudi soir, pour décider de la marche à suivre : un prélèvement ou une surveillance.

Elle m’a demandé si j’avais des questions. J’ai simplement dit non. J’étais comme assommée. Un peu perdue. Pour la première fois de ma vie, je me posais des questions. Je n’étais pas sereine.

Très vite, immédiatement peut-être, je me suis accrochée à ses paroles rassurantes : il n’y avait pas de quoi s’inquiéter, il fallait juste être prudent.

Puis elle m’a donné plus de détails et c’est là que j’ai réalisé que ça m’avait affectée. Car je n’avais même pas pensé à lui demander comment se passerait la suite qu’il y ait biopsie ou pas. Elle m’a donné des précisions qui m’échappent aujourd’hui.

J’en ai conclu, après coup, qu’il fallait simplement vérifier ou surveiller. Que si le résultat de l’un ou de l’autre était négatif, je n’en serais qu’à un stade pré-cancéreux. J’en ai conclu que j’avais bien fait de faire cette foutue mammographie car attendre pouvait être risqué.

 

En sortant, j’ai immédiatement pris mon téléphone pour appeler chéri. Besoin de lui parler, qu’il me rassure. Besoin de partager. Je venais d’entrer dans un nouveau monde : celui de la crainte. Je ne suis pas toute puissante. Je suis faillible. Mon corps est faillible.

 

J’ai ensuite attendu la décision du staff avec anxiété. J’avais presqu’envie qu’il préconise la biopsie pour détruire le doute une fois pour toute. Mais ils ont choisi la surveillance avec une nouvelle mammographie 6 mois plus tard…

 

 

Publié dans saga, Pas qu'une maman

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