Rien ni personne
Je ne suis rien ni personne. Insignifiance au milieu du désert. Une goutte d’eau dans l’océan humain.
C’est parfois le sentiment que j’ai. Quand l’abattement me gagne et que je vois le monde au-travers d’un filtre négatif. Quand j’échoue ou que je m’essaye à une introspection. Si je me compare, si je m’évalue par rapport à l’immensité de l’univers et la multitude des êtres vivants… je ne suis rien ni personne.
Et puis les sages paroles d’une chanson :
« Nous avons tous été vainqueurs, même le dernier des derniers. Une fois au moins les meilleurs, nous qui sommes nés ».
Oui, j’ai gagné la course, comme toi, comme tous. Le spermatozoïde qui portait la moitié de nos chromosomes est arrivé le premier. Et nous sommes tous le miracle de la vie. Et je peux me permettre de m’observer avec bienveillance et positivisme car…
Je suis l’être qui a, 9 mois durant, grandi au creux de ma mère. J’ai été l’objet de toutes ses attentions et de son amour infini. J’ai occupé son esprit autant que son corps lorsqu’elle m’a imaginée. J’ai été la chose la plus importante pour elle lorsqu’elle m’a mise au monde. Sa seule pensée, son seul objectif.
En retour, j’ai été le tout de mes enfants alors que je les portais en moi, que je les allaitais ou que je les consolais. Leur seule référence dans ces moments privilégiés. Indispensable. Vitale.
Et je suis la femme que chéri a choisie. Symboliquement plus fort encore que la maternité car lui avait le choix et c’est avec moi qu’il a construit sa famille. Perdus dans le regard de l’autre, nous avons chacun été le seul et l’unique. Celui qui accompagne sur le chemin avec l’espoir fou que la route durera toujours.
J’ai connu des succès, ce n’est pas rien. J’ai réussi des examens et des concours. J’ai connu l’angoisse et l’excitation d’attendre le résultat et la satisfaction immense d’être lauréate. Pendant ces instants, le cœur se gonfle de fierté et on se sent signifiant.
Avec mon blog et mes comptes sur les réseaux sociaux, je reçois parfois des commentaires qui permettent des échanges sincères. Je suis votre interlocutrice. Nous sommes en face à face, tout virtuel qu’il soit, et l’autre compte.
Et mon livre. Le succès auquel je n’osais rêver. Et quand je parle de succès, entendons-nous bien, je ne considère pas le nombre de ventes (que j’ignore encore) mais mon sentiment d’aboutissement d’un projet qui me tenait à cœur.
Et puis j’ai vécu des aventures plus ou moins folles, plus ou moins fortes, qui m’ont donné le sentiment d’être vivante, d’être un élément du monde. Et même si ces événements ne font pas de moi quelqu’un de spécial, ils me permettent de prendre place au milieu des autres. Ils font de ma vie une partition unique.
Pour illustrer, je pourrais vous évoquer des tas de choses.
Mes grossesses : quoi de plus dingue que de porter et donner la vie ?
Mon mariage : la mariée clichée avec sa belle robe… c’était moi, sous les regards de ceux qui m’aiment et surtout, de celui qui m’aime. Une journée magique précédée et suivie de moments de partages.
Des sauts en parachute : n’être rien dans le bleu du ciel et ressentir pourtant la vie plus intensément, le souffle coupé.
Des voyages : en famille et entre amis. Des découvertes, des soupirs admiratifs, des sourires béats, des échanges.
Il y aurait certainement mille autres exemples à poser là si je me donnais la peine de rassembler mes souvenirs. Mille autres preuves pour moi-même que, même si j’ai l’impression parfois de n’être rien ni personne, je fais partie du tout, que je compte pour certaines personnes et que ma vie vaut la peine d’être vécue.
Personne n’est personne au fond. Chacun a compté. La vie de chacun compte. A nous d’en faire une belle histoire, d’en retenir le meilleur.