Et si j'étais un fruit

Publié le par Raphaëlle

J'avais envie de me mettre dans la peau d'autre chose ou de quelqu'un d'autre.

Aussi, je vous propose une série "Et si...". Des textes plus ou moins légers que je publierai les premiers jeudis du mois.

Et on commence par un peu d'exotisme et de bons sentiments.

 

Et si j’étais un fruit…

Je serai une mangue.

J’aurais grandi dans un manguier heureux, caressé par les alizés. Ses branches frissonneraient sous une brise antillaise iodée. Nous vivrions non loin de la plage, avec vue sur la mer des Caraïbes. Je grandirais paresseusement en observant les enfants se courir après et se rouler dans le sable. J’entendrais le ressac et les rires des adultes venus profiter du paradis.

Je ne connaitrais des avions que l’image qu’ils laissent en s’éloignant dans le ciel de Guadeloupe. J’imaginerais mes congénères encore verts, cueillis dans leur jeunesse, qui vivent l’aventure du transport aérien et la tristesse d’une existence tronquée, entassés dans des soutes trop froides pour un fruit du soleil.

Je rougirais sous les rayons et me gorgerais de sucre pour devenir potelée à souhait. Les oiseaux me lorgneraient et les fourmis m’attendraient.

Devenue trop lourde pour la branche qui m’abriterais, je me laisserais tomber au sol. Je roulerais sur un petit mètre, chatouillée par les brins d’herbe.

Une main curieuse viendrait me ramasser et des yeux gourmands m’observeraient avec délice. Ce serait ceux d’une jeune femme, incertaine devant ce fruit qu’elle ne connait pas. Elle me déshabillerait, hésitante, baisserait les paupières pour appréhender le goût dans un soupir. Elle me croquerait, surprise et ravie, essuierait ses lèvres avec le dos de sa main et me gouterait à nouveau. Puis elle me tendrait à un enfant réticent mais coopératif qui se régalerait à son tour.

Ils m’abandonneraient alors par terre pour retourner profiter des éléments et je deviendrais le repas des insectes, reconnaissants de ce partage profitable.

Je terminerais ma vie un peu plus loin, emportée par une bourrasque ou un coup de pied. Et je germerais pour devenir un manguier majestueux. J’abriterais la vie et observerais des générations d’humains heureux, saisons après saisons. J’affronterais les tempêtes et danserais avec les palmiers.

Si j’étais un fruit, je serais une mangue qui naitrais, vivrais et mourrais de la plus belle façon qui soit : en harmonie avec le monde.

 

 

 

Et voici quelques photos du manguier de notre jardin à Petit Bourg, lorsque nous habitions en Guadeloupe. Il m'a fait découvrir et aimé ce fruit qui roulait sur l'herbe et attendait qu'on le ramasse avant que les fourmis n'en fasse leur déjeuner.

Et si j'étais un fruit
Et si j'étais un fruit
Et si j'étais un fruit
Et si j'étais un fruit
Et si j'étais un fruit

Publié dans billets d'humeour, saga

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G
Je suis tout à fait d'accord avec toi . C'est un fruit merveilleux que j'ai beaucoup aimé. Excellents souvenirs heureuse de les avoir partages avec vous
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