Aimez-moi...
Allez, j’y vais franchement : aimez-moi !!!
Je me déshabille, je me mets à nue devant votre regard critique et je vous dis qui je suis. A l’heure où l’on voit fleurir sur les réseaux sociaux des comptes prônant l’acceptation de soi envers et contre tous… Dans cette époque où il est de bon ton d’assumer son corps et son esprit, peu importe ce qu’en pense le voisin…Au milieu de ces gens qui affirment bien se moquer de l’image qu’ils donnent pourvu qu’ils soient en paix avec eux-mêmes, et bien moi j’avoue : j’ai besoin qu’on m’aime.
En théorie, en mobilisant toute mon intelligence (parait qu’on a forcément l’impression d’en avoir assez puisque c’est avec elle qu’on se juge soi-même), j’admets que je m’assume de plus en plus et que je peux également assumer le fait que je ne plais pas à tout le monde.
Mais. MAIS. Non mais pour autant, une partie de mes actions est guidée par un besoin de plaire ou, plus exactement, de ne pas déplaire. Et ça a des côtés positifs !! Si si !! Le premier étant que, par conséquent, je fais en sorte, autant que possible, de faire les choses bien. Je n’y arrive pas toujours et surtout pas aux yeux de tous évidemment, mais lorsque j’agis, je me pose la question plus ou moins consciemment : est-ce que c’est bien ? Est-ce que c’est juste ? Est-ce que j’ai raison ? (oui, bien vu, ça fait 3 questions).
Si je me réponds oui, qu’en mon âme et conscience j’ai bien agi, alors je peux accepter qu’on me fasse des reproches. Et si l’on me fait des reproches, j’aurai à cœur de démontrer que j’ai fait au mieux dans la situation donnée.
Le point noir, c’est que je le vis parfois mal. D’abord je me torture l’esprit en interprétant les réactions des autres. « Il ne sourit pas, il a l’air contrarié. J’ai peut-être eu tort… il m’en veut… »
Ensuite, lorsque je sais clairement que j’ai déplu ou déçu, j’ai deux réactions naturelles : je me remets en question et je rumine.
Je surréagis, je m’invente des conversations imaginaires avec la personne concernée au cours de laquelle j’argumente, je me justifie. Je souffre virtuellement de répliques irréelles et je me dénigre seule. Je suis très autonome sur ce sujet !
Ce besoin de ne pas déplaire, cette crainte de ne pas être appréciée, datent de fort loin. Je me souviens ce jour, je n’avais pas 10 ans, où ce petit garçon que je ne connaissais pas m’a tiré la langue depuis sa voiture. Moi, dans celle de mes parents, je me suis écroulée en pleurs : même ceux qui ne me connaissent pas ne m’aiment pas !!
Je l’ai sincèrement pensé et j’en ai été très peinée.
Parfois, j’aimerais me défaire de ce besoin. Me libérer de la contrainte, que je m’impose seule, à plaire aux autres. Je n’aurais plus à me poser mille questions, à analyser les faits, les gestes et les paroles de mon interlocuteur en supposant qu’il m’en veut et qu’il me juge. Je me sentirais bien plus légère ! Car cela me pèse aujourd’hui encore. Je souffre d’une remarque, je reçois comme un coup une réflexion ou un regard… Je redeviens l’enfant fragile qui a peur de ne pas être aimé.
Mais il me définit, ce besoin. Il est moi, je suis lui. J’arrive à lui donner moins de place mais il ne se fait pas oublier facilement. Il me titille, me torture.
Auto-analyse : ne serais-je tout simplement pas narcissique et égocentrée ? Certainement que oui. Dans la mesure où je crois qu’un comportement est dû à moi-même et mes actes… mais ce n’est pas volontaire. Et ce n’est pas réjouissant non plus. C’est fatigant et stressant.
Mais n’est-ce pas égocentré et narcissique que de bien se moquer de ce que les autres pensent de nous et de nos actions et de trouver que le plus important c’est nous ? Mince alors. Que faire ? Qu’être ?
N’ayant aucune réponse à mes questions, je vais continuer d’être ce que je suis. Je vais continuer de me demander si mes actes ont un impact sur l’autre en essayant de ne pas faire de mal autour de moi.
Je vais cependant essayer d’accepter de déplaire (le puis-je ?) et ainsi me protéger…