Le silence: ami ou ennemi ?

Publié le par Raphaëlle

Angoissant ou relaxant, le silence a une place particulière dans la vie de chacun. Et selon les circonstances, nous ne l’appréhendons pas du tout de la même manière. On le craint, on le chérit, on le maudit, on le rêve…

 

Dans le couple

Au début d’une relation amoureuse, il peut s’installer une gêne. On apprend à se connaitre, on est hésitant, balbutiant. Et quand les sujets de conversations se tarissent, le silence peut devenir pesant. Il est facile de le remplacer par des embrassades et des caresses, certes, mais on se voit mal combler chaque silence par des baisers… Non ?

Avec le temps, le silence n’est plus gênant. Nous n’avons plus forcément besoin de mots. Un regard peut suffire pour replonger dans un souvenir ; évoquer, lèvres fermées, une private joke ; parfois même prendre une décision. Un petit hochement de tête ou un sourcil froncé remplacent les syllabes.

On apprécie de se retrouver chacun dans ses pensées sans ressentir le besoin de combler le silence. Le poisson est ferré, le reptile est dompté. Plus besoin de jouer de la flûte au serpent quand le couple est installé.

 

Avec les enfants

Ils font du bruit, ils occupent l’espace et le temps. Ils brouillent nos pensées et nous poussent dans nos retranchements. Les enfants sont une tornade sans fin, un tourbillon qui nous engloutit… et on ne rêve que de silence. On l’espère, on prie dieu et ses saints qu’ils nous offrent quelques minutes de paix.

Et quand, enfin, notre vœu est exaucé, nous ressentons une sorte de panique naturelle. Nous comprenons immédiatement qu’il se trame quelque chose dont on se passerait bien. On tend l’oreille, anxieux, et on imagine déjà le pire : un accident ? une bêtise ? un kidnapping ? (oui, le cerveau maternel peut partir dans les délires les plus fous en moins de temps qu’il ne faut pour dire « n’importe quoi ! »).

Le parent s’empresse donc de rejoindre sa progéniture pour constater l’ampleur du phénomène et il se retrouve devant un enfant barbouillé de crème pour les fesses (ah numéro 1 ! Comme tu étais mignonne !) ou un placard vidé entièrement par un rejeton dont la bouche est remplie de bonbons ou un beau dessin sur un mur… ou tout autre surprise désagréable. Et l’on regrette alors d’avoir demandé du silence…

Le phénomène est amplifié dans le début de vie de nos enfants. Les pleurs, les cris d’un nourrisson peuvent être source de stress. Les bruits de bouche, les plaintes d’un bébé dans la nuit peuvent être crispants. On espère le calme pour une nuit apaisée mais quand bébé n’émet plus aucun son, l’angoisse s’installe. Si vous êtes comme moi, vous pensez au pire. Vous l’imaginez. Et finalement, le silence devient alarme.

 

Quand ils deviennent ado…

Le silence devient le compagnon des parents. Les ados passent tellement de temps dans leurs chambres que la maison semble bien calme. Il devient normal. L’inquiétude laisse place à un désabusement. L’adolescent émet quelques sons (des grognements parfois !) depuis son antre et replonge dans son monde (souvent fait d’écrans, il faut avouer).

Et à l’inverse de la période de leur petite enfance, on espère des mots, de l’interaction. Et à l’instar de la petite enfance, on regrette parfois ce vœu.

L’ado se met à parler et c’est chouette ! Jusqu’à ce que ça devienne pesant quand il croit savoir mieux que son parent. Et alors, parfois, le parent invoque en secret le silence. A nouveau.

 

Dans les relations aux autres

Le silence est acceptable dans les relations saines et fortes. Il est vite gênant face à une personne que l’on connait peu. On cherchera à combler les vides. On essaiera, coûte que coûte, de trouver un sujet de conversation. Et quel soulagement quand ça déroule !

On appréciera même la présence de plusieurs personnes et d’autant plus d’une bavarde qui évitera les silences gênés. On tentera parfois de relancer la conversation avec un petit « un ange passe », non ?

Le silence est la personne de trop dans une relation naissante, non souhaitée ou fragile.

 

Face à soi-même

Tout aussi sollicités par le monde, les écrans, la musique, le bruit, la sur-information… nous naviguons dans un univers bruyant. Et il nous est parfois difficile de nous en extraire. Nous faisons mille choses à la fois et nous avons déjà du mal à n’en faire qu’une. En conversation téléphonique, nous continuons à consulter nos mails. Devant un film ou une série, nous jetons des coups d’œil aux réseaux sociaux. Alors que nous dînons, nous écoutons de la musique.

Le silence nous angoisse-t-il ? Sommes-nous devenus intolérants à la non sollicitation ? Nous absorbons continuellement. Nous sommes branchés, antennes sans cesse en réception.

Et pourtant, lorsque nous nous retrouvons dans une configuration silencieuse, nous pouvons enfin émettre. Nos pensées ne sont plus parasitées. Nous pouvons réfléchir, laisser nos idées germer, imaginer…

Même dans un silence relatif, les grésillements électriques occupent l’espace. Aujourd’hui, je rêve d’un silence absolu. Comme j’aimerais m’étendre dans mon lit dans le noir complet et le silence total !

 

Bref, le silence est parfois ami, parfois ennemi. On l’aime autant qu’on le craint.

Publié dans billets d'humeour

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