Nouveau départ professionnel: pourquoi ?
Je ne suis pas une aventurière. Peut-être dans l’âme mais pas dans les faits. J’aime les habitudes et la chaleur du chez soi et l’inconnu me fige parfois. Pourtant, je n’ai jamais hésité à sortir de ma zone de confort. Je me suis toujours poussée au c… J’ai ainsi quitté la ville de mon enfance, ma routine, mes attaches et ma famille à 20 ans pour rejoindre chéri à 600 kilomètres. Un saut dans l’inconnu pour une jeune fille qui n’osait pas adresser la parole aux autres. Tous les autres. Je préférais me perdre et me tromper que demander de l’aide. Je supportais d’être seule plutôt que d’aller vers mes camarades d’étude. Mais j’avançais.
Professionnellement, j’ai dû prendre sur moi, évidemment. Une fois en terrain conquis, entourée de collègues sympathiques et étant arrivée à une certaine maîtrise de mes missions, j’aurais pu décider de profiter de ce confort. Mais je voulais plus.
J’ai passé des concours et accepté des postes différents. Malgré mon caractère casanier, j’avais besoin de me dépasser et d’évoluer. Rien d’extraordinaire mais je ne voulais pas me satisfaire de mon petit monde. Régulièrement, j’ai donc changé de tâches et d’environnement.
Pendant les 5 dernières années, j’ai évolué dans le domaine des RH. J’y ai appris tout ce que j’en sais. J’ai progressé jusqu’à me sentir à l’aise et presque légitime (tu le connais le syndrome de l’imposteur ?). Et j’étais dans une équipe bienveillante avec une hiérarchie directe irréprochable. Tout allait bien. Jusqu’à ce que… on me propose un autre poste.
Je n’avais pas d’autre raison de quitter un poste satisfaisant que celle du plaisir d’avancer. Je traite des mêmes sujets mais d’une façon différente, dans un environnement différent. Une occasion que je n’avais pas envie de laisser passer.
5 ans, c’est déjà beaucoup. J’avais encore à apprendre et je me plaisais mais j’ai décidé de sauter le pas quand même. Et qu’est-ce que sauter le pas ?
C’est accepter d’être jugée. Des jurys, j’en fait des dizaines par an. J’ai observé, interrogé, titillé des dizaines et des dizaines de candidats nerveux.
C’est une chose d’être côté juges, mais c’en est une autre d’être le candidat. J’en parle en connaissance de cause. J’ai vécu tant de fois cette situation et j’ai essuyé tant d’échecs que j’étais un peu fébrile à l’idée de me trouver à nouveau dans cette situation. Je craignais évidemment de ne pas être la lauréate. Cela me ramenait à tant de souffrance ! J’avais peur de revivre la douleur du rejet, le sentiment de ne pas valoir grand-chose. Et dans la mesure où je présentais, sur le papier, tous les critères et que la responsable du centre était venue d’elle-même vers moi, la chute n’en aurait été que plus vertigineuse.
Il m’a donc fallu accepter d’être jaugée, jugée et potentiellement rejetée.
C’est renoncer à ce qu’on connait. Mon bureau, mon binôme, ma population, ma supérieure. Quand tout se passe bien, pourquoi tenter le diable ? On sait ce qu’on perd, n’est-ce pas ?
Et puis j’étais installée dans une routine de travail. Je connaissais mes missions parfaitement. Je gérais. J’étais reconnue pour ça ! Je savais ce que j’avais à faire à tout moment. Je maîtrisais.
Il fallait donc se remettre dans la peau de la nouvelle. Celle qui découvre l’environnement, les collaborateurs, les missions… car sauter le pas, c’est aussi se projeter.
Il me fallait donc m’imaginer au sein d’une nouvelle équipe et une nouvelle hiérarchie. Des interactions différentes avec des caractères et des attentes autres. Et me plonger dans des missions nouvelles. Car si les sujets sont identiques, les angles d’approche et les attendus sont propres à chaque service et à chaque poste.
Et la cerise sur le gâteau : aujourd’hui, avec l’expérience que j’ai acquise, on attend davantage de moi que lors de mon arrivée en tant que novice. Le changement est donc en lui-même un petit bouleversement mais il est aussi également un risque. Mon interrogation principale ? Serai-je à la hauteur ?
La décision a été facile car j’ai toujours avancé. J’ai sans cesse refusé de me cacher derrière la peur. Celle de me tromper et de regretter notamment.
Et pour me rassurer, je me dis que rien n’est immuable. Tu sais ce que tu perds et pas ce que tu gagnes ? Et tu regrettes ? Eh bien poursuis ton chemin en avant. Un autre poste, une autre opportunité s’offriront à toi.
Et vous la connaissez bien celle-là : je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends ! NM