45 ans, et alors? Qu'est-ce que ça fait??
Dans mon article sur les souvenirs de l’enfance de mes 3 numéros, j’évoquais déjà la cruauté du temps. Il ne s’arrête jamais. Il nous vole nos souvenirs et grignote notre vie à chaque seconde. On ne peut rien faire contre lui.
On peut combattre tout (la pauvreté, la violence, les kilos, la peur, la drogue, la bêtise…) mais contre le temps, on est impuissant. Et avez-vous remarqué que plus on vieillit plus on en parle ?
« Eh oui, c’est l’âge… », « Ça nous rajeunit pas ! », « On vieillit ma pauv’ dame !! »… et j’en passe.
Au quotidien, je n’y pense pas H24. Heureusement. Mais ça me travaille pas mal. Je vois mes parents vieillir et je compte, malgré moi, le temps qu’il nous reste (peut-être) à profiter d’eux. Et je me lamente ensuite sur mon propre sort : 45 ans !!!!! J’ai certainement fait bien plus de la moitié de ma vie. Je suis sur la pente descendante. Glissante même ! C’est angoissant tout de même !?
Et numéro 3 a su, en quelques mots, aviver cette angoisse : « maman, dans 15 ans tu auras 60 ans ! ». Il faut que je prenne rendez-vous chez un notaire pour la déshériter…
A l’annonce de cet effroyable calcul, je me suis sentie vieille et je me suis posée des questions. Je fais donc un petit bilan de ma vie sous forme de thèse/antithèse. Ou plus exactement, les avantages et les inconvénients d’avoir atteint cet âge.
Les inconvénients d’avoir (déjà) 45 ans
Mon corps fatigue et il ne se gêne pas pour me le faire comprendre. Et ça se voit ! mes paupières tombent sous le poids des années. Elles cherchent à se fermer définitivement ou quoi ? c’est peut-être ça la mort… les paupières sont devenues si lourdes qu’elles refusent de se lever.
Ma peau est moins lisse. Seuls les filtres d’Instagram ont le pouvoir de me rajeunir éphémèrement. Le miroir, lui, est plus cru. Il reflète parfaitement mes petites rides et les insidieuses tâches qui s’installent tranquillement. Et à l’instar de mes paupières, ma peau se relâche. La gravité me direz-vous ! Le corps est attiré par le sol. Il se rapproche de sa dernière demeure, le con !
Et les douleurs ! Pour rappel, un homme sage m’a dit un jour (ok, ça n’était peut-être pas de lui mais c’était vachement bien dit) : passé 40 ans, si on a mal nulle part, c’est qu’on est mort. Je suis donc ravie d’avoir mal… Mais quand-même. Les articulations se raidissent. La rigidité cadavérique prend de l’avance.
Le meilleur est derrière moi…
On peut s’habituer aux douleurs et à sa tronche en biais mais il est plus difficile d’admettre qu’on a certainement vécu les années les plus incroyables et toutes les premières fois. Les années de la jeunesse et de l’insouciance. Celles de l’Amour, du mariage, des naissances. Et même la tendre enfance de nos enfants est derrière nous.
Tout ce que je pouvais imaginer vivre de merveilleux fait déjà partie de mon passé.
Mais il y a aussi des avantages à être une quarantenaire (à mi-chemin de la cinquantaine).
La conscience de la valeur de tout.
Car il reste, fort heureusement, tant de belles choses à vivre avec une envie plus forte, décuplée par la conscience qu’il faut en profiter maintenant. La conscience du moment présent.
Quand on réalise à quel point le temps passe vite, quand cette conscience de l’importance de profiter de l’instant dépasse la confiance en l’avenir, alors on vit pleinement les bonheurs.
J’apprécie plus qu’avant les partages, les soirées, les voyages. Je suis plus curieuse. Je veux tout faire et tout voir. Je deviens presque boulimique de la vie lorsqu’autrefois, j’étais plutôt attentiste.
On se connait mieux et on se préoccupe moins du regard des autres.
On prend davantage le temps, paradoxalement, de se comprendre. On sait ce qu’on veut et peut-être encore plus ce que l’on ne veut pas ou plus. On s’accepte avec nos défauts et nos qualités. Je me sens plus sereine parce que j’agis selon mes principes, en mon âme et conscience, et que je suis capable d’argumenter, pour moi-même ou pour les autres. Et d’ailleurs, je ne me sens plus obligée de me justifier. Je le fais si j’en ai envie.
Le pire est derrière nous…
Ok, c’est une phrase optimiste. Mais ce qui est réellement derrière, ce sont les nuits entrecoupées, les rhumes et les vomis surprises, les logistiques de dingue (les sorties même les plus banales où il faut penser au sac à langer, au doudou, à la poussette, la tenue de rechange, de quoi les occuper… et respecter les heures de repas, de coucher…).
Je ne suis plus enfermée dans le grand rôle de ma vie. Pendant longtemps, j’étais presqu’exclusivement maman. Ma vie tournait autour de ma parentalité et de mes enfants. Il faut dire aussi que j’étais seule la semaine. Je me noyais. J’ai désormais sortie la tête de l’eau.
Et les doutes sur l’avenir sont presque levés. J’avançais à tâtons, la peur de ne pas réussir me tenaillais. Aujourd’hui, ce que j’ai accompli est une force. Je me sais capable.
… et la liberté est revenue dans nos vies.
On peut sortir où et quand on veut, avec ou sans enfants. Plus besoin de faire appel à des babysitteurs ou de prévoir une organisation complexe. Je vais au sport quand bon me semble, je sors avec les copines si le cœur m’en dit. Je laisse les enfants à la maison sans même avoir à leur préparer à manger : ils se débrouillent !
Je vis une partie de ma jeunesse que je n’osais pas vivre autrefois. Je pense à moi et à mon couple.
Pour toutes ces raisons et certainement d’autres encore, je ne regrette pas l’âge que j’ai. Et puis, il serait idiot de regretter alors que rien ne peut nous faire retourner en arrière.
Je me sens mieux qu’autrefois sur bien des points. Je profite davantage de la vie. A bien y réfléchir, j’aime mon âge. Ce qui m’angoisse et me chagrine, c’est que le temps continue son œuvre et que cet âge aimé sera bientôt du passé. La cinquantaine me tend les bras et dans 15 petites années, n’est-ce pas, c’est la soixantaine qui m’accueillera.
J’aimerais terminer sur cette assertion ultra positive : je ne serai plus jamais aussi jeune qu’aujourd’hui.
Nous ne serons plus jamais aussi jeunes que maintenant, alors profitons-en !