Education bienveillante: les parents qui travaillent

Publié le par Raphaëlle

Un des sujets à la mode, vous n’avez pas pu y échapper, c’est l’Education Bienveillante. Et de ce que je peux constater, on est souvent pour ou contre. Je suis certaine que vous pouviez le deviner, je suis contre.

Attention, qu’on se comprenne bien ! Je ne suis pas contre la bienveillance dans l’éducation, évidemment, mais je suis contre le matraquage de beaux principes qui jugent et culpabilisent les parents normaux au lieu de servir le cœur du sujet.

Je suis contre les dérives mais ce sont bien les dérives de cette belle idée de base que nous voyons fleurir partout sur les réseaux sociaux.

 

En fait, cet article m’a été inspiré par un beau texte (que vous trouverez ci-dessous en photo) qui aurait été écrit par une ATSEM se mettant à la place d’un enfant de 3 ans dont les parents travaillent. Et franchement, j’ai terminé la lecture du post plutôt atterrée.

Il s’agissait de raconter une journée d’une enfant de 3 ans déposée à l’école à 7h25 et récupérée à 17h45 à qui on répète plusieurs fois qu’elle est grande et qu’elle ne doit pas pleurer.

 

S’il est important de considérer les sentiments et les ressentis de tous, il n’est pas possible de se mettre à la place de tout le monde. Même de ses enfants. Ce texte peut permettre d’y réfléchir et c’est bien la puissance des mots. Mais il est également très culpabilisateur.

La société en général sait culpabiliser les parents, et notamment les mamans, si elles travaillent et si elles ne travaillent pas. Dans le premier cas, on ne s’occupe pas assez de ses enfants. Dans le second, on profite de la société pour s’occuper des enfants qu’on a fait, égoïstement.

J’ai moi-même régulièrement déposé mes enfants à l’ouverture de la garderie pour les récupérer en toute fin de journée. Parce que chéri était absent en semaine et que je devais me débrouiller seule. Et parce que j’ai toujours travaillé.

Le travail, pour la plupart des gens, n’est pas un choix. On dépend du salaire. Et ce salaire permet de faire vivre ces merveilleux enfants qui passent ainsi une bonne partie des lundis, mardis, jeudis et vendredis à l’école. Et, c’est vrai, parfois aussi le mercredi en garderie.

Et quand on travaille et qu’on a d’autres enfants, on ne trouve pas toujours le temps de coiffer sa petite dernière, on s’énerve parfois de ne pas trouver ses clés de voiture et on distribue des discours autonomisants à coups de « tu es grande maintenant ».

 

A ce propos, même s’il est très mignon d’entendre un enfant zozoter et mal prononcer des mots, j’ai toujours fait répéter mes enfants pour qu’ils apprennent la bonne prononciation. Tout comme je leur ai appris tôt à s’habiller seuls et à tenir leurs couverts correctement. Ce sont des détails qui ont leur importance dans une vie de maman bien remplie et dans la société. Je me suis toujours attachée à faire de mes enfants des citoyens adaptables.

Cela les secoue un peu. Ça les sort de leur zone de confort. Et puis, comme j’aime beaucoup nous comparer aux animaux, il faut garder en tête que les parents (singes, gazelles, moineaux, humains…) ont pour mission la perpétuité et la survie de l’espèce. Ce n’est pas en les couvant à l’excès que les enfants parviennent à devenir des adultes solides.

J’abuse un peu, c’est volontaire. Mais les enfants s’adaptent comme se sont adaptés des générations et des troupeaux avant eux. Leur donner la parole, essayer de les comprendre, oui ! Mille fois oui ! Mais on ne peut arrêter de travailler pour soulager leurs journées.

 

Enfin si, parfois on peut. Financièrement, c’est possible. Mais c’est alors un choix des parents. Toutes les mamans n’ont pas envie d’être mère au foyer. Certaines (j’en fait partie) ne supporteraient pas cette condition. C’est très personnel et ça ne se juge pas. Et franchement, mieux vaut un parent overbooké par le travail qu’un parent malheureux à la maison. C’est mon point de vue et je parle d’expérience. Être à la maison H24 avec les enfants, ce n’était pas pour moi. Et depuis que je m’écoute davantage et que je m’occupe de moi, je suis une maman plus agréable pour mes enfants.

Le déni de soi, le sacrifice absolu… les mots parlent ! Ce sont des termes négatifs ! Donc, si on peut et qu’on veut être à la maison pour s’occuper pleinement de ses enfants, c’est super ! Il faut le faire ! Mais si on le vit comme l’Abnégation incarnée, mieux vaut éviter. C’est bénéfique pour tout le monde.

Et si on veut jouer sur les deux tableaux (travailler mais pas trop), c’est pareil. Il faut pouvoir financièrement, il faut que l’employeur soit d’accord (et je vous assure que ce n’est pas toujours le cas ! Après les 3 ans de l’enfant, un temps partiel n’est plus de droit. Il faut l’aval de sa hiérarchie...) et il faut le vouloir. On peut se sentir tellement investi dans le travail qu’on ne sait pas faire autrement qu’à fond. Et y renoncer peut également être mal vécu.

Bref, à chacun d’évaluer sa situation et de considérer ses envies.

 

Et puis les commentaires… Franchement, c’est le pompon ! Certains confondent temps et amour. Si on laisse les enfants toute la journée à l’école, c’est qu’on ne les aime pas ! Et ils parlent même de souffrance ! C’est un peu fort à mon sens. La plupart des enfants s’adaptent avec bonheur. Ils peuvent être parfois tristes, fatigués mais ils le vivent bien. Il suffit pour cela, encore une fois, d’utiliser les mots pour expliquer aux enfants le pourquoi. Et vivre des moments de qualité le soir ou le week-end.

Certains enfants souffrent réellement je suppose. Mais pas du fait que leurs parents travaillent. La souffrance vient d’ailleurs : des relations compliquées avec les parents peut-être, des problèmes à l’école…

 

Pour en finir avec se sujet qui me fait souvent monter la tension (et cela parce que j’ai moi-même tellement culpabilisé dans ma vie de maman !), je regrette que la belle idée de bienveillance pèse souvent lourd sur les épaules des parents et surtout des mamans.

Le texte est beau et, encore une fois, il permet de réfléchir et de prendre en considération le ressenti de nos petits. Mais, au regard des commentaires qu’il provoque, il est essentiellement reçu comme une leçon pour les parents qui travaillent. Et il rajoute un poids considérable à la déjà bien pesante culpabilisation de chacun.

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