Juge et Coupable
C’est malheureux, mais c’est, je pense, dans la nature humaine. Nous avons envie (ou besoin ?) de juger, critiquer, comparer…
Et notamment en matière d’éducation.
La parentalité positive ou l’éducation bienveillante en est un des exemples. Ceux qui pratiquent auront le jugement facile. Plus que juger, ils condamnent parfois. Pensez donc ! Nous, les parents indignes, nous nous fâchons, nous ne laissons pas nos enfants expérimenter, il peut nous arriver même d’user de violence, verbale ou physique ! Tandis qu’ils ne sont que bonté et béatitude.
Oui, j’exagère. N’empêche que. N’empêche que prôner l’éducation bienveillante, je dis oui, mais culpabiliser le reste du monde, je dis NON. Et les leçons des uns ou des autres, du style : tu ne devrais pas t’énerver (ah ouais ? T’as un master en psychologie parentale pour me balancer cette incroyable vérité ???), tu devrais passer plus de temps avec tes enfants que sur ton portable (et dis-moi, quel est le résultat de ton enquête sur le temps que je consacre à mes enfants au quotidien ?), oui ces leçons magistrales, tu sais où j’ai envie que tu te les mettes ?
Je suis une personne assez intelligente pour connaître mes limites, mes lacunes. Mais apparemment pas assez forte encore pour y remédier entièrement. Pour autant, ce ne sont pas les commentaires et les sermons de mon entourage qui feront de moi une meilleure maman. Merci. (Je peux accepter un conseil ou entendre et comprendre mes faiblesses au détour d’une conversation bienveillante. Quand même.)
Je défends cependant ce beau concept de l’éducation bienveillante. Mais personnellement, je suis croyante mais non pratiquante. Non pas que je n’aimerais pas être une maman calme et à l’écoute qui tire le meilleur de ses enfants. Malheureusement, malgré tous mes efforts, je reste une maman à fleur de peau, capable de partir en vrille sans pouvoir se raisonner. Le travail est long, la route est sinueuse et semée …
Et toute mon imperfection ne m’empêche pas d’être comme tout le monde : dans le jugement. Oui, je juge. Déjà, vous l’aurez constaté, je juge les parents qui jugent (40 À).
Et puis, faible que je suis dans ma conviction de n’être pas si mauvaise, je porte un regard sévère sur les parents qui, d’après mon échelle de valeur, ne se comportent pas bien. J’ai parfois tellement raison ! Comme cette semaine où j’ai interpelé une femme dont les 2 jeunes enfants se baladaient dans la voiture en toute liberté. Un enfant non attaché dans un véhicule, ça me fout en rogne.
Et puis j’ai souvent tort. Tort de juger un instant de vie, une scène qui se déroule sous mes yeux tandis que je ne connais pas toute l’histoire. Tort de critiquer des parents qui font certainement de leur mieux, au moins la plupart du temps, comme moi. Mea culpa. Je me juge moi-même coupable…
Cette minable manie de juger est parfois seulement un moyen de se rassurer. Je ne suis pas une si mauvaise mère, moi je ne fais pas ça ! Moi je fais ci ! Et plus on est dans le doute et qu’on manque de certitudes quant au bienfondé de notre éducation, plus on a besoin de mettre le doigt sur les défaillances de nos collègues en parentalité. C’est tout l’intérêt de la fameuse émission Super Nanny d’ailleurs, non ?
Maintenant (merci Sandrine pour cette réflexion partagée de bon matin), si le jugement fait partie intégrante de l’être humain, il est peut-être plus opportun de garder son opinion pour soi (ou de n’en discuter qu’avec chéri ou sa meilleure amie). Car même si l’intention est bonne, l’impact est souvent négatif. Et quel coupable peut se vanter d’être un bon juge ?
Allez, je sais qu’on est en plein été, que, par conséquent, mon lectorat préfère bronzer et siroter un cocktail que me lire (Vous pouvez me lire en sirotant un cocktail ou en bronzant, soit dit en passant… ;p) et que, qui plus est, j’ai perdu pas mal de visibilité depuis LE piratage (arrrgghh, grosse colère toute rouge !!) mais pour celles (et ceux ?) qui auront lu ce petit article : n’avez-vous jamais jugé les parents autour de vous ??? Siouplééééé !!! Ne me dites pas que je suis seule !!!!