La charge mentale: des mots ou des maux?

Publié le par Raphaëlle Hosteins

Ça a été un terme à la mode pour dénoncer la lourde tâche de penser à tout qui revient à la mère. Anticiper, préparer, assumer, prévoir, endosser, s’oublier...
N’était-ce qu’un mythe moderne pour valoriser la femme et/ou culpabiliser l’homme ?


Non, la charge mentale n’est pas qu’une lubie de féministes enragées qui manipulent les mots et les maux pour en faire un combat de plus. Je pense sincèrement que la charge mentale est un état de fait, presque une fatalité dans le quotidien. Car il s’agit de petites choses sans gravité, de riens du tout qui se cumulent et nous acculent.


Un exemple concret aura peut-être plus de poids que ces mots :
Je reviens d’une Grosse journée de travail (oui, enfin, j’ai un travail que j’aime et qui me demande beaucoup d’énergie), les enfants sont en vacances à la maison et chérie a fait du télétravail. Je rentre donc fatiguée avec le secret espoir de n’avoir rien à faire. Et pourtant, il y a toujours tellement à faire !
Chéri est sur l’ordinateur à essayer d’enregistrer les ESTA (vous savez ? Ces fameux formulaires payants pour rentrer aux USA dans lesquels tu dois avouer si tu es un terroriste ou si tu as le choléra…). Il galère et râle un peu. Je lui propose de laisser tomber. Que je le ferai plus tard car il n’y a pas d’urgence. Il insiste. Je réitère. Et il me répond mais c’est pour t’aider.

?????? M’aider ? J’ouvre de grands yeux et prend sur moi : je n’ai pas le courage de rentrer dans une discussion de fond, je veux juste poser mes fesses. Mais je rumine cette gentillesse un moment.


« T’aider » : ce verbe est en soi une illustration de la charge mentale. Cela signifie que certaines tâches incombent d’office à la mère et que le père, s’il est serviable, peut seulement venir en soutien. Il rend service. C’est un plus, un bonus que la femme devrait certainement apprécier !!!

Mais ce soir, il y a plus urgent à faire comme remplir le dossier pour le lycée (eh oui, numéro 1 n’est déjà plus collégienne) ce qui me prendra une bonne demi-heure. Ou
faire le dîner (qu’il fera). Gestion des priorités et partage des tâches…

Attention, je ne me plains pas de chéri qui s’occupe très bien de ses enfants et prépare les repas au même titre que moi. Il est présent en tant que moitié de couple et pas seulement comme aide-Maman. Pourtant, même lui ne se rend pas compte de cette charge mentale et de ces instants et ces paroles qui pèsent sur le moral. Et si chéri ne s’en rend pas compte, c’est simplement parce que les choses sont ancrées. Le moins machiste du monde considérera comme une évidence, et certainement pas en conscience, que certaines missions appartiennent à la mère, l’épouse, la femme. C’est ainsi.

Et il est bien difficile de faire admettre cet état de fait. Aussi difficile, probablement, que de faire avouer à une mannequin que sa (longi)ligne n’est pas due à un métabolisme défaillant (non mais vous y croyez, vous, au «  je mange ce que je veux, j’ai de la chance !!! ») mais bel et bien à son anorexie (forcée par le milieu… mais c’est un autre débat).

Alors, faut-il l’accepter ?

 

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