Pourquoi choisir l'internat?
Pendant des années, c’était un peu la guerre à la maison. Notre fils se comportait si mal à l’extérieur qu’il y avait des retombées entre nos murs. Explications, colères, crises, disputes, pleurs…
Comme la plupart des parents confrontés à des difficultés avec leurs enfants, nous avons tout essayé : psychologues et psychiatres, discussions sans fin, punitions, récompenses, tableau de comportement… et j’en passe.
L’état d’anxiété de tous et la crainte de l’avenir que chéri et moi ressentions fortement pour lui minaient l’ambiance familial. Comme la cigale, nous nous sommes trouvés fort dépourvus mais point de fourmi pour nous venir en aide. Il a fallu se débrouiller.
C’est d’ailleurs ce que je retiendrai de ces années de galère : les parents sont peu aidés. Un peu par-ci et un peu par-là mais rien de global qui permettrait d’avancer sereinement.
Quand numéro 2 a déconné grave en classe de sixième, chéri a prévenu : on va chercher un internat. Il ne voulait pas. Moi non plus. J’avais espoir qu’il allait changer, mûrir, se bonifier. J’avais compté sur l’importante de sa vie sociale. Il avait enfin des copains et je voulais lui permettre de rester une année de plus pour qu’il puisse maintenir ce lien. Et à contrecœur, j’ai promis à chéri que si la cinquième était semblable à l’année passée, j’étudierais l’option « internat ».
Tu connais la suite ? Son année de cinquième a été désastreuse, terrible, angoissante. Et j’ai donc accepté l’idée de l’envoyer dans un établissement pour la semaine entière. Numéro 2 avait assez été prévenu, il n’a pas été pris en traitre. Il acceptait mais il y allait contraint.
J’ai été très malheureuse de l’éloigner de moi. Mais comme pour un couple qui se dispute sans cesse, mieux vaut se séparer qu’entretenir le mal-être de tous. A la différence qu’on ne quitte pas vraiment l’enfant, hein ! Ah non ! Sachez qu’il revient tous les week-ends et à toutes les vacances !
J’ai donc agi en privilégiant le bon sens au cœur. Et je vais maintenant vous expliquer pourquoi nous avons eu raison.
L’éloignement apaise les tensions
Un éloignement physique apaise les tensions de tous. Numéro 2 n’était plus surveillé par nous. Il retrouvait une vie bien à lui.
Et moi, je n’avais plus de raisons de crier chaque soir et de pleurer d’épuisement.
Comme l’éloignement a permis à notre couple de se souder, l’internat nous a rappelé combien nous nous aimions. Nous étions heureux de nous retrouver le week-end, sur des bases saines.
Rien de magique toutefois, les mots dans le carnet ont valu au fiston quelques discussions houleuses et de nouvelles punitions. Mais 2 jours de stress moins intense, c’est toujours mieux que 7 jours sur les nerfs.
Déléguer, déléguer…
Pendant 5 jours, l’autorité était déléguée. La charge des devoirs également. Cela fait un poids énorme en moins pour les parents. Nos relations n’en étaient que meilleures. Je me sentais plus légère, libérée et donc plus disponible. Sans l’affect, il vivait aussi mieux les heures d’étude.
Il ne s’est pas mis à travailler comme on aurait pu l’espérer mais il a commencé à faire le minimum et c’est déjà pas mal.
Ado sous surveillance
Un adolescent qui se comporte mal et qui est imprévisible est une bombe à retardement. Nous avions toujours peur que le collège nous appelle ou qu’on apprenne une bêtise plus grosse qu’une autre. Je craignais qu’il ne fréquente des personnes qui l’auraient tiré plus bas encore.
Entre la fin des cours et l’heure où je rentrais du travail, il pouvait se passer mille choses et l’idée m’était insupportable.
C’est d’ailleurs la principale raison qui m’a convaincue de l’inscrire en internat : il allait être surveillé à tout moment. C’est tellement rassurant !
Good-bye les écrans.
Les smartphones sont bannis de cet internat. Ils ont peu l’occasion de regarder la télévision at jamais celle de jouer aux jeux-vidéos. Les moments de loisirs sont vécus en société. C’est une immersion dans la vraie vie physique, non parasitée par les pixels et les programmes abrutissants. C’est parfois une désintoxication qui se répercute en famille.
Notre fils n’est pas un joueur et n’avais déjà pas le droit de passer trop de temps devant les écrans. Mais quand on n’y prenait pas garde, il pouvait pianoter son téléphone des heures durant et devenait hargneux.
Et pour l’enfant ?
Il a, dans un premier temps, marqué intensément son désaccord mais il a trouvé une certaine résistance dans le personnel du collège. Et cette décision, qu’il savait ne pas être une punition mais qu’il vivait certainement comme telle, lui a appris plusieurs choses : mes parents vont au bout de leur conviction (et pour mon bien qui plus est) et mes actes ont des conséquences sur les autres mais aussi sur moi.
Il a commencé à s’assagir un peu et a découvert avec délectation le bénéfice à ne pas être en conflit perpétuel avec tout le monde.
Et puis, numéro 2 a toujours adoré la colo. Loin de cette ambiance décontractée, l’internat lui a quand même offert des moments privilégiés avec ses nouveaux copains, une communauté qui le comprenait, une complicité entre ados et des histoires à raconter à la maison.
Il y voit d’autres avantages : des activités divertissantes (je cite), des amis H24, des surveillants plus cools avec les internes que les demi-pensionnaires (il aime beaucoup cette complicité) et pas de problème de réveil : non seulement il est réveillé par les surveillants mais en plus il n’a pas de trajets…
Il y voit aussi des inconvénients ! Il n’a pas les mêmes activités qu’à la maison (comme quoi, il y en qui sont mieux en famille !), les sanitaires communs ne l’enchantent pas et, évidemment, l’indétrônable « c’est pas bon à la cantine », surtout le matin et le soir.
Et l’affection alors ?
Je ne vais pas vous mentir, nous ne sommes pas une famille bisou-câlin. Chéri comme moi sommes réservés sur le sujet même si, au fil du temps, nous apprenons à montrer davantage nos sentiments.
Et quand numéro 2 est parti à l’internant, nous vivions dans le conflit depuis un moment. Une ambiance qui ne favorise pas les preuves d’affection.
L’internat ne pallie pas ce genre de manques mais il a 2 avantages non négligeables. D’abord, il permet d’apaiser les relations parents-enfant et il devient plus facile de montrer à son enfant qu’on l’aime sans condition quand le climat est serein. Ensuite, Numéro 2 y a trouvé un palliatif malgré tout avec les copains : des relations amicales H24.
En conclusion
Naturellement, notre expérience est toute personnelle et ce qui a fonctionné pour nous pourrait être un échec ailleurs. Cela dépend de tellement de critères !!
Mais pas un instant, nous avons regretté. Ce ne fut pas toujours facile. Pourtant, quand le collège a souhaité ne pas le reprendre une deuxième année, Numéro 2 lui-même a verbalisé son souhait de poursuivre à l’internat. Il avait conscience de l’impact positif que cela a eu sur lui et la famille.
A l’unanimité, nous validons le choix que nous avons fait 2 ans en arrière.
Si vous avez des questions sur le sujet, n’hésitez surtout pas à les écrire en commentaire. J’y répondrai avec plaisir et je sais que mon petit homme en fera autant.