Changer son passé

Je l’ai lu sur Instagram. On peut le lire partout : sur Facebook, sur un mur tagué, dans un magazine… ou l’entendre au détour d’une conversation. Quoi donc ? Toutes ces phrases pseudo-philosophiques sur le sens de la vie et la façon de l’appréhender. Vous voyez bien de quoi je parle…

Celle-là concernait le passé. Nous avons tous, dans notre passé, des moments, des décisions, des échecs… qui nous ont blessés et que nous aurions aimé ne pas avoir à vivre. Et que nous n’aimerions d’ailleurs pas revivre !

J’ai, pour ma part, certainement davantage de regrets que de remords.

Je regrette de n’avoir pas profité de ma jeunesse. D’avoir été aussi sérieuse, parfois triste. De regarder les autres vivre en m’imposant mille obligations et autant de contraintes.

Mais mon parcours aurait alors été bien différent. Mes pas ne m’auraient peut-être pas guidée là où j’en suis aujourd’hui.

Je regrette de ne pas avoir eu d’ambition ou simplement de rêves pour lesquels j’aurais tout donner. J’ai visé bas parce que je ne me sentais pas capable de grandes choses.

Et il se peut que courir après mes rêves m’auraient aigrie ou au contraire propulsée dans une autre vie. Mes choix ou non-choix m’ont, quoi qu’il en soit, portée vers la moi d’aujourd’hui, celle avec qui j’apprends à aimer vivre.

J’ai évidemment, comme chacun, connu des peines et des douleurs, des drames que je ne voudrais pas revivre et que j’aurais voulu éviter à mon entourage.

Ainsi, j’aurais voulu que mes cousines et mon petit-cousin ne meurent pas dans les premiers mois de leur vie. Je me serais passée d’assister à la souffrance de leurs mamans. J’aurais voulu la leur éviter. Ce drame-là est le pire de tous.

J’aurais préféré voir mes parents heureux ensemble. Ils ont fait au mieux mais les enfants sentent la tristesse dans le cœur de leurs parents.

Et j’aurais tellement aimé être une meilleure mère. Plus calme. Dans ce domaine, j’ai surtout des remords : des mots blessants, des gestes inadéquats, des absences… Moi aussi, j’ai fait au mieux dans l’instant et j’ai dû m’accommoder de la culpabilité qui accompagnait chacun de mes pas de parent. C’est mon pire des regrets peut-être car celui-ci est de mon fait. C’est ma personne qui est en cause. J’aurais pu faire autrement. J’aurais dû. Ce ne fut pas le cas.

Qu’est-ce que ça aurait changé dans ma vie ? Dans la leur ?

Pourtant, si je pouvais changer mon passé, le ferais-je ? Au risque de briser le fragile équilibre que je maintiens ?

Il y a mille chemins à emprunter et aucun n’est le bon. Ma seule certitude est ce que je vis au jour J.

Mon passé, mes décisions, mes erreurs ont forgé mon caractère. Je ne suis pas la femme parfaite mais je me connais chaque jour un peu mieux, ce qui me permet d’avancer plus sereinement sur le chemin que je me choisis. Et je me sais guidée par un sentiment de justice, de justesse, qui m’obligent à agir avec réflexion, dans un souci de ne blesser personne tout en respectant mes principes de vie.

Et la vérité, c’est qu’on ne peut rien changer à ce qui est passé. On doit l’accepter et vivre avec. Alors autant s’en faire une force. On apprend de nos erreurs et on fait mieux. On survit à nos drames et on observe le monde d’un œil neuf.

Regarder en arrière nous empêche de voir devant. C’est aussi simple que ça.

Je vais donc faire comme d’habitude : oublier cette phrase, l’envoyer dans les oubliettes avec toutes les autres citations con-con. Et continuer à faire au mieux avec ce que je suis, ce que j’ai, ce qui m’arrive.