Madame Tout le monde

Publié le par Raphaëlle

Il y a quelques jours, Maëline et moi étions d’accord sur un fait : certaines personnes ressemblent à tout le monde et à n’importe qui. Elles ne sont ni belles, ni moches. Elles ne sont pas remarquables.

Et voyez-vous, je suis de ces personnes. Et c’est peut-être chouette de ne pas susciter de réactions exagérées dans un sens ou dans l’autre. Pour vivre heureux, vivons cachés, n’est-ce pas ? Mais moi, parfois, j’aimerais être un peu spéciale.

 

Je me vante ici d’être MI : mi-maman, mi-moi, et dans ces demies parts, je suis encore mille autres choses : cuisinière, handballeuse, psychologue, logisticienne, arbitre, chauffeuse, écrivaine, infirmière, jardinière, runneuse, photographe, juge, comptable, mère-noël, soigneuse…

Cependant, je ne m’illustre en rien. Et bien souvent, malgré moi, je constate que je suis NI. Être NI, c’est être entre 2, tu vois ?

 

Pour commencer, on m’a régulièrement confondue. « Salut ! Sophie ? » Euh… non, je ne suis pas Sophie. « Je t’ai déjà vu à Saint Patelin du Trou !? » Ben non, c’était pas moi.

Je ne suis pas trop moche et je ne suis pas trop belle. J’ai le physique de Madame Tout le monde. Je peux passer totalement inaperçue car je n’ai rien de remarquable. Je suis de taille moyenne, les yeux marron et les cheveux châtains-bruns, ni grosse ni mince…

 

Ma scolarité a ressemblé à mon physique : je n’étais ni mauvaise élève, ni la numéro 1. Je travaillais correctement, sans faire de vagues. Je ne faisais pas partie de l’élite ni des cancres. Un entre-deux confortable pour une jeune fille timide. Une cachette pour se protéger du regard des autres.

Dans le travail, je suis aussi in the middle. Catégorie B dans l’administration : entre la C et la A. C’est mieux que si c’était pire (une de mes expressions favorites que chéri a repris à son compte) et bien moins bien que si c’était mieux, par conséquent.

Il faut dire aussi que je suis atteinte du syndrome de l’imposteur et que je ne suis pas certaine de pouvoir faire plus ou mieux.

 

En sport, je ne bats pas de records (enfin si, mes recors personnels quoi). Je m’oblige à progresser ce qui fait que je ne suis pas la pire coureuse ou la pire handballeuse (quoique…) mais les seules médailles que je gagne sont celles de finishers.

 

Et pour ce qui me tient à cœur, à savoir l’écriture, je suis noyée dans la masse. Certains trouvent que j’écris bien et voilà déjà de quoi me donner le sourire. Mais mon blog est un tout petit dans la toile. Et mon livre n’est qu’une satisfaction personnelle, une fierté à l’échelle de moi.

Il est bien évident que je n’écris pas dans l’espoir de recevoir un prix littéraire. Je le fais par plaisir et par besoin. Si je n’écris pas pendant une longue période, je ressens un manque et les mots s’accumulent et se bousculent dans mon cerveau. S’engagent alors des combats, des mêlées, une cacophonie sans nom que je suis toujours obligée de discipliner, tôt ou tard.

 

Je suis Madame Tout le monde et ce n’est pas bien grave en soi. Je ne brille pas, je ne fais pas tourner les têtes… C’est vrai que, parfois, j’aimerais réussir quelque chose, être parmi les meilleurs, m’installer au sommet quelques minutes pour observer le chemin parcouru et souffler avec plaisir en me disant que ce n’était pas vain.

Mais dans l’ensemble, je me rends compte que je n’ai pas besoin d’être tout en haut pour avoir un joli point de vue sur la vie, sur ma vie.

Et Madame Tout le monde, elle est quand même spéciale pour les personnes qu’elle aime, non ? Elle est remarquable à certains moments, dans certains domaines, pour certaines personnes de son entourage.

 

Et puis être Madame Tout le monde, c’est être tout et tous à la fois !

Et je viens de découvrir cette jolie phrase d’une chanson de Patricia Kaas : « Tout le monde n’a besoin de personne »…

Publié dans billets d'humeour

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