Le syndrome du nid vide

Publié le par Raphaëlle

Une fois n’est pas coutume, j’ai parcouru quelques sites évoquant la parentalité pour trouver l’inspiration pour mon blog. Et c’est là que je suis tombée sur ce titre : le syndrome du nid vide.

Il m’a frappé en plein cœur. Avant d’en lire une seule ligne, j’ai compris.

Depuis le départ de Maëline, je ressens encore plus fortement qu’avant les émotions. Je peux me laisser envahir par la tristesse sans raison, ou du moins sans raison franchement valable (à moins que voir une publicité sur les JO soit une raison valable d’être submergé par une émotion oppressante ?). Et depuis son départ, mon corps me joue des tours. Les douleurs se sont fait une petite place. Elles ont occupé l’espace devenu vide ?

 

Le syndrome

Il s’installe généralement au départ du dernier enfant. Parfois, il débarque au moment où le premier enfant quitte le nid. Mon nid à moi, il n’est pas vide mais il est devenu trop grand pour nous 4. C’était un nid 5 places ! Et je ne pensais pas qu’il commencerait à se vider si tôt.

Et voici le cocktail d’émotions qui vampirisent le parent :

sentiment d'abandon et de fierté

anxiété familiale

tristesse et mélancolie

solitude

dépression

 

Je ne suis pas concernée par la dépression. En tout cas, je ne crois pas. Cela me semble exagéré pour décrire mon état. Mais pour le reste, on est en plein dedans.

La veille du départ de Maëline, j’ai fait ma seule crise d'angoisse de toute ma vie. Je l’ai réellement vécu comme une rupture. Mon schéma familial se brisait. Non pas que j’ai pensé que ma fille m’abandonnait mais, dans les tréfonds de mon cœur, je me sens un peu comme. Et la fierté, à n’en pas douter, est bien présente. Comme je suis fière que ma fille soit mâture et autonome ! Elle n’a pas hésité à se lancer, malgré sa timidité. Et elle s’en sort tellement bien ! Je suis à la fois fière de la jeune femme qu’elle est et du travail que j’ai et que nous avons accompli en tant que parents.

L’anxiété, je ne sais pas… mais j’ai les épaules ultra tendues la plupart du temps. Tandis que la tristesse et la mélancolie, elles sont mes camarades malgré moi. Elles s’imposent sans prévenir, sans demander et elles me compressent parfois le cœur. Je me raisonne pour les chasser car ma vie est plutôt agréable et bien remplie. Mais c’est comme le naturel… j’ai beau les chasser… voilà quoi !

Et la solitude… J’ai un mari beaucoup plus présent physiquement qu’autrefois, j’ai 2 enfants encore à la maison (mais qui font leur petite vie), j’ai des copains, des amis, des collègues… mais la solitude, c’est bizarrement elle qui me tient le plus souvent compagnie. Va comprendre, Charles ! Je ressens parfois un vide abyssal, avec pour seule présence, les battements de mon cœur.

 

Illégitimité

On nous répète tant et si souvent que nous ne faisons pas des enfants pour nous, qu’ils doivent faire leur vie… C’est une évidence ! Et je le pense sincèrement. Et je n’ai, je crois, jamais essayé de les retenir. Pourtant, le ressenti d’abandon, de solitude, de rupture est réel. Son départ a marqué la fin de notre vie à cinq et je crois que je n’aurais jamais été prête à cela.

Mais au lieu d’accepter ma tristesse (ah si seulement j’avais découvert plus tôt qu’un malin avait posé un nom sur ce phénomène ! Et que je n’étais donc pas la seule à en souffrir !), j’ai repris haut et fort les discours bien-pensants : « c’est normal qu’elle fasse sa vie, je ne devrais pas être triste ! » Jusqu’à penser que je n’en avais pas le droit, que c’était ridicule et non avenu. J’ai jusque-là pensé que je n’étais pas légitime dans ma détresse.

 

Stratégie inconsciente ?

Apparemment, certains parents développent des stratégies inconscientes pour essayer de maintenir les enfants près d’eux. Etait-ce donc le but de ma crise d’angoisse ? Je l’ai pourtant gardée pour moi. Maëline était en haut, dans sa chambre, et moi en bas, dans la mienne. Je me suis contenue, retenue, pour ne pas l’alerter.

Et mes douleurs ? Est-ce une sorte d’appel ? « J’ai mal, occupez-vous de moi !! » ? Car elles ont pris beaucoup plus de place dans les mois qui ont suivi son départ.

 

Révélation

Cet article, trouvé par hasard et qui a attiré immédiatement mon attention, a fait écho en moi grâce à une ostéopathe. Je l’avais consultée pour mes multiples douleurs dont on ne trouvait pas l’origine dans les examens médicaux (échographies ou radiologies par exemple). Elle m’a manipulée et m’a fait parler. Beaucoup.

Quand elle est arrivée sur le sujet des enfants et plus particulièrement du départ de ma grande, j’ai fondu en larmes. Ma vie entière est basée sur mon rôle de maman. Ma cellule familiale est mon eden, mon cocon, ma source de vie, mon tout.

Je me sentais totalement stupide et illégitime à pleurer sur une étape normale de la vie de parent mais, avec douceur, elle m’a rassurée. (petit aparté : je suis en train de pleurer en écrivant ces lignes. Dingue, non ?)

Je ne sais pas si mes douleurs sont une stratégie pour garder mon monde autour de moi ou, au contraire, la manifestation d’un mal-être mais je veux bien croire qu’elles sont liées à ce syndrome, d’une façon ou d’une autre.

 

Oui mais

Je tiens à terminer cet article sur une vérité : il n’y a pas une once de rancœur en moi, évidemment. Je n’en veux pas du tout à ma fille. Elle n’est pas responsable de ce que je ressens. C’est mon modèle, ma conception qui sont légèrement erronés, biaisés. Et c’est à moi d’apprendre à vivre avec. Ou sans.

Mettre un nom sur le mal-être qui m’accompagne m’aidera certainement à avancer. (je me suis auto-psychanalisée les filles !!! Vive internet !! ah ah !)

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