Ma liberté (re)trouvée
J’ai voulu, plus que tout, être maman. J’ai souhaité l’arrivée de chacun de mes enfants. Et j’ai été gâtée par la vie.
Le bonheur qu’ils m’ont apporté n’a d’égal que les tracas, la privation de sommeil et de liberté, le stress… qui étaient livrés avec eux. Mais qui le sait ? Ou, plus exactement, qui le réalise ?
Lorsque tu désires être parent, tu réponds certainement à un besoin primaire de perpétrer l’espèce. L’essence même de la nature animale. Et quel animal anticipe les emmerdes ?
Tu peux me répondre l’Homme, justement. Oui mais non. Ou alors l’homme oui mais pas la femme. Parce qu’elle ne veut pas ou parce qu’elle se croit à l’abri, elle.
Bref, quelle qu’en soit la raison, tous les aspects négatifs de la parentalité ne suffisent pas à faire renoncer à cette immense joie d’enfanter dans le sang et la douleur.
Mais là n’est pas mon propos. Pas exactement. Je voulais vous entretenir plus précisément de cette privation de liberté qui accompagne inévitablement la maternité. Et bien que je n’étais, de base, pas une fille très ouverte et que je ne savais pas réellement profiter des bonnes choses de la vie, malgré cela, donc, j’ai vécu les premières années de vie de mes enfants comme un enfermement forcé.
J’ai eu l’impression de surnager, la tête à peine hors de l’eau, pendant des douzaines de mois et des douzaines de mois. Et je pense vous l’avoir déjà écrit, sûrement plusieurs fois d’ailleurs.
Tandis qu’aujourd’hui, je jouis d’une liberté (re)trouvée. Mon ainée est majeure, mon second va avoir 16 ans et ma dernière en a plus de 10 et s’apprête à découvrir le collège.
Vous le savez, cela signifie de nouveaux problèmes mais c’est également synonyme de liberté. Ils se gardent seuls. Ils n’ont plus besoin de moi comme autrefois. Ils sont capables de se faire à manger (il ne faudrait tout de même pas leur laisser cette corvée trop longtemps à moins de disposer d’un sacré stock de pâtes). La grande peut même aller récupérer la petite à l’école si nécessaire.
Et c’est évidemment le point le plus important. Moi qui étais souvent seule avec mes enfants et donc dans l’obligation de les gérer, je savoure.
Je dois aussi avouer, comme je vous l’ai évoqué plus haut, que je n’étais autrefois pas en capacité de jouir des plaisirs simples de la vie. Je me bridais moi-même, en toute autonomie. Et à ce niveau-là aussi les choses ont bien changé. Les années ont levé le voile qui m’empêchait de voir. Elles m’ont ouvert les yeux et m’ont donné le goût du lien social et des bonheurs de chaque instant : chanter, rire, découvrir, me dépasser, partager… Je suis désormais en phase avec le monde et prête à me saisir de la chance que j’ai.
J’ai aussi gagné en assurance et en confiance en moi. Je sais, ou du moins je commence à savoir qui je suis. Et cet état d’esprit m’offre le pouvoir d’imposer mes volontés. Cela se joue sur des instants simples : si je souhaite passer du temps avec des amis, il me suffit de l’annoncer à ma famille sans attendre leur approbation comme je le faisais avant.
Il y a des années en arrière, je n’osais même parfois tout simplement pas évoquer une sortie. Je m’interdisais, inconsciemment, de faire des activités en dehors de mon cercle familial. Je ne m’en laissais pas le droit. Et lorsque je me le permettais, je demandais timidement l’autorisation à mon mari et je culpabilisais envers lui et les enfants.
Et pourtant ! Pourtant, j’ai un époux qui ne m’a jamais empêchée et qui, tout au contraire, m’a encouragée, souvent, à prendre du temps pour moi. Et cet homme n’a pas modifié son discours. Face à une femme qui a changé, il continue de dire et penser que c’est normal d’avoir une vie à soi, en dehors de notre cocon.
Voilà donc mon parcours et le point précis où je me situe. Sans pour autant négliger ma famille (du moins le crois-je et l’espèré-je), je goûte à cette liberté de vivre qui m’a si longtemps été étrangère. Et je peux vous dire que je kiffe de ouf !!! Quel pied ! Et si je voulais me dédouaner (la culpabilité rôde toujours), je vous dirai en toute honnêteté que je suis persuadée que mon sentiment de bien-être rejaillit sur toute ma famille et même sur mes amis. Je me sens mieux, donc je suis une version améliorée de moi-même et mes relations aux autres n’en sont que meilleures.