A cheval sur la jalousie
C’est une évidence, quand tu as plus d’un enfant, la jalousie prend ses quartiers dans la maisonnée. Si ça se trouve que (expression bancale qui m’est venue naturellement et qui m’a fait sourire, ne me jugez pas) dans les familles monoenfantales, la jalousie existe aussi ?
Je n’ai pas de souvenir exact de manifestations de jalousie entre mes enfants. Pour rappel, ils sont trois. 2 filles et 1 garçon. 2003, 2005, 2010. Ils ont reçu une éducation approximativement pas tout à fait identique. Ils ont des chambres de taille très différente. Ils ont ou pas des parrains-marraines plus ou moins présents.
La grande est l’aînée, statut à part. Le second est le seul garçon, statut unique. La troisième est la dernière, statut privilégié.
Ils ont chacun une particularité, une histoire, une vie qui peuvent susciter à un instant T de la jalousie. Et ils en ont certainement ressenti. C’est très humain.
Pour autant, et c’est la stricte vérité (vous savez que je suis très sincère avec vous et c’est pour ça que je ne vous raconte pas tout…), je ne crois pas avoir dû gérer des crises de jalousie. Pas de colère, de rancœur.
Et je pourrais arguer que c’est parce que nous avons exercé une éducation juste, équitable et exemplaire. Que nous avons veillé à ne pas faire de différence.
Pffffff… sottises (c’est chic de dire « sottises » non ?). Il est totalement et complètement impossible d’être absolument équitable. Chaque humain a son caractère et chaque seconde a sa vérité. Les enfants grandissent, l’époque change, nos moyens financiers évoluent, notre rôle d’éducateur s’affine… Même avec la meilleure volonté du monde et de l’univers et de la strate intergalactique (j’espère que mon beau-frère et ma belle-sœur lisent mes articles… spéciale dédicace… j’attends leurs commentaires), même avec tout ça tout ça, il n’est pas possible de traiter tous ses enfants exactement de la même façon. Qu’on vienne me dire le contraire…
Je disais donc que je n’ai pas le souvenir d’avoir assisté à des scènes de jalousie entre mes 3 merveilles.
Soit mes enfants sont particulièrement doués en comédie (finalement, numéro 2 fera peut-être carrière… soyez prévenus, il attend qu’on le repère dans la rue pour lui proposer un grand rôle dans un grand film), soit ils ont su gérer. Et me lancerais-je quelques fleurs sur le sujet ? Vas-y Jeannie, attrape le bouquet !!
Je crois que chéri et moi (oui, dans ma grandeur d’âme, je l’inclus…) avons participé à cette non-escalade de la jalousie. Comme j’aime les écrire, j’aime aussi beaucoup les prononcer. Les mots sont puissants et les enfants sont en capacité de les recevoir.
Lorsqu’une situation me semble, de mon point de vue de mère, potentiellement injuste pour l’un des enfants, je n’attends pas de connaitre le ressenti de mes petits. Je les devance en posant les choses à plat. Et je leur explique. Je donne du sens. Et je relativise.
Je n’ai que 2 exemples récents en tête mais franchement, ils sont heavy.
Lorsque numéro 1 a fêté ses 18 ans, elle a eu l’extrême joie et le grand plaisir de se voir offrir une voiture. Les étoiles dans ses yeux ont formé une constellation avec celles que numéro 2 avait lui-même en anticipant ses propres 18 ans. Et nous avons donc commencé notre travail anti-jalousie en lui énonçant des vérités simples : « aujourd’hui nous avons pu mais nous ne savons pas de quoi demain est fait », « nous faisons au mieux pour chacun d’entre vous, vous le savez, mais cela dépend de la situation de l’instant ». Evidemment, le moment n’est pas encore venu de tester sa jalousie sur le sujet. Il nous reste 18 mois… et peut-être pourrons-nous le gâter autant que sa sœur.
En attendant, et dans le doute, nous poursuivons l’effort en rappelant qu’il a parfois bénéficié de plus d’attentions que ses sœurs parce qu’il en a eu besoin. Et en insistant sur la fragilité de la vie. Ce qui est possible aujourd’hui ne le sera pas forcément demain.
Le deuxième exemple est la raison qui m’a incitée à écrire cet article. Comme beaucoup d’enfants, numéros 1 et 2 auraient voulu faire de l’équitation. Nous ne pouvions pas. Le coût était bien trop élevé ! Puis numéro 3 a exprimé le même souhait, avec toutefois plus de passion dans le regard que ses frère et sœur. Nous avons refusé pour le même motif : trop cher. Et cette année…
Cette année, nous pouvions financièrement lui faire ce cadeau. Avant de signer le bulletin d’inscription, j’ai tenu à en discuter avec les grands. Non pas que ma décision puisse dépendre de leurs réactions mais j’avais à cœur de m’assurer qu’ils ne le vivraient pas mal.
A peine leur ai-je posé la question qu’ils m’ont unanimement répondu que oui, évidemment, elle pouvait bien faire de l’équitation. Je leur ai rappelé que nous n’avions pas accédé à leur requête autrefois et ils ont répondu qu’ils comprenaient. Je n’étais pas inquiète et pourtant j’ai été soulagée et surtout heureuse de les voir si réfléchis et intelligents.
Attention, mon éducation est loin, très loin, d’être parfaite mais je crois sincèrement avoir réussi ça. Je les ai élevés dans le dialogue. Poser les mots au lieu de (sup)porter les maux. C’est moins lourd.
Venez me dire comment vous gérez la jalousie chez vous ?
PS : Alors que j’écris, ma petite pointe son petit bout de nez (encore mignon, l’adolescence n’a pas encore envahi son visage). Du coup, je lui pose la question. Elle est obligée de réfléchir. Longtemps. Et elle finit par sortir une fumeuse histoire de chewing-gums que mamy avait promis de lui acheter parce qu’elle en avait offert à numéro 2…
Ou de me dire que « ah oui !! J’ai été jalouse qu’ils soient grands et pas moi’. Bon, on s’en sort bien je crois…