Les rituels: pas chez moi

Publié le par Raphaëlle

Le sommeil et particulièrement le coucher des enfants sont des moments complexes qui peuvent être source de stress pour les petits comme pour les grands. Et si, comme moi, vous suivez beaucoup de comptes de mamans sur les réseaux sociaux, vous avez dû voir pas mal de publications sur le sujet.

La solution, ou le début de solution, la plus souvent apportée est le rituel. Instaurer un rituel avec l’enfant le rassure et pose des limites : le rituel terminé, l’enfant sait qu’il est temps de dormir et il est logiquement plus serein.

Il semble que cela fonctionne, tout ou partie, sur certains enfants. Je ne saurais vous dire si cela aurait fonctionné avec mes enfants car je n’en ai jamais instauré. Et je vous dis pourquoi.

  1. La toute première raison qui vous trotte déjà dans la tête peut-être, c’est que je n’en ai pas eu besoin. Oui et non. Je ne sais pas. Je n’ai pas le souvenir que mes enfants m’aient fait la misère mais je suis déjà vieille et la tendre enfance de mes rejetons commence à dater. Je me souviens avoir connu les pleurs inconsolables les premières soirées… Mes pleurs et ceux de ma fille aînée. Etait-elle stressée ? L’étais-je plus qu’elle ? N’était-ce tout simplement pas normale qu’elle pleure le soir ?

J’étais plutôt seule : chéri en déplacement, ma mère loin, pas d’amie proche… J’ai essayé de gérer en solo, dans la peine et la douleur. J’ai serré les dents.

Il n’y avait pas de réseaux sociaux (je vous parle de 2003) pour m’apporter toutes les solutions miracles. Tant pis. Tant mieux.

A part cette période difficile, je ne me souviens pas avoir particulièrement galéré le soir. Soit que mes enfants étaient faciles à ce niveau-là, soit qu’ils avaient compris qu’il valait mieux pas agacer le dragon…

 

  1. Je ne suis pas assez assidue. J’aurais pu me lancer dans des rituels salvateurs mais m’y serais-je tenue ? Répéter les mêmes gestes, chanter les mêmes chansons au même moment, rentrer dans un schéma rigide… Ce n’est pas moi. Il y aurait eu les soirs de grosse fatigue pour moi où je n’aurais pas eu le courage de consacrer plusieurs minutes à l’enfant. Il y aurait eu une lassitude de ma part, un oubli parfois.

Les habitudes peuvent être contraignantes.

 

  1. Et surtout, je ne suis pas convaincue. Je veux bien croire que cela fonctionne. Un enfant anxieux peut y trouver du réconfort. Mais…

Mais créer un rituel, c’est risquer d’enfermer l’enfant dans un seul schéma. Ne creuser qu’une seule route sur le chemin du sommeil. L’empêcher de voir les autres sentiers. Peut-être finalement l’angoisser davantage si, pour x raisons, le rituel ne peut être appliqué.

Imaginez la vie (ma vie) : l’enfant dort chez un grand-parent ; il doit s’endormir chez des amis, le temps d’un dîner, et il faudra le déplacer ensuite ; le parent est malade ou particulièrement épuisé ; un nouveau babysitter doit le coucher… N’est-ce alors pas plus angoissant encore pour l’enfant de ne pas avoir son rituel ?

Je crois possible qu’un enfant ne s’endorme qu’avec le rituel en présence de ses parents et s’adapte s’il est avec d’autres personnes. Cela ne signifie-t-il pas qu’il peut se passer de rituel ? Que lui et ses parents se sont bâti une prison ?

 

Naturellement, nous avions nos habitudes. Notamment, pour mes petits gourmands, j’avais pris l’habitude de prévenir. Toujours prévenir. « regarde, le yaourt est presque vide », « c’est la dernière cuillère, après il n’y en a plus » (ou le célèbre « a puuuuu »). L’enfant constate que c’est vrai. Il croit la parole du parent. Il ne fait pas de crise (la plupart du temps en tout cas).

De même au parc : « c’est la dernière descente de toboggan et après on s’en va ». Pas de négociation. Quand j’avais prononcé le mot « fin », c’était la fin. Je n’avais ni la patience ni l’envie de céder aux leurs. Ils le savaient. Ils ne discutaient pas. (je vous rassure, ils pouvaient parfois râler, mais ils obéissaient… oh le gros mot !!! M’en fous, j’assume : mes enfants m’obéissaient et c’était confortable pour eux comme pour moi).

Nous avions aussi nos berceuses à nous que je leur chantais avec grand plaisir… certains soirs.

 

Alors oui, j’ai peut-être simplement eu de la chance. Trois fois. Mais je préfère croire que la souplesse avec laquelle je les ai élevés leur a permis de se confronter aux différentes situations qu’ils pouvaient vivre. Je crois que cela les a rendus adaptables et sociables.

Et précision d’importance : je ne les ai pas éduqué de la sorte en toute conscience, j’ai juste fait ce que j’ai pu, avec les armes dont je disposais.

 

Il s’agit là de ma propre expérience dont je retire des enseignements. Elle ne conviendra peut-être pas à vous et votre vie, elle n’est peut-être pas le reflet de votre expérience. Elle a ses forces et ses limites. Comme les parents. Comme vous.

Si vous deviez retenir une vérité : vous n’êtes pas le parent parfait, votre enfant n’est pas l’enfant idéal et la vie n’est pas un conte de fées. Mais vous faites de votre mieux et c’est ce qui compte.

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