Il se joue des drames lorsque les portes se ferment...
Il se joue des psychodrames en vase clos. Les maisons n’abritent pas que bonheur et douceur. Les familles se disputent, se déchirent. On ne se comprend pas, on campe sur ses positions, on creuse des fossés. Il se joue des drames lorsque les volets se ferment et les téléphones s’éteignent.
Si l’on prenait le temps de contempler nos vies, on admettrait que certains événements ne sont pas si graves à l’échelle du monde et des horreurs qui frappent les autres. On ne peut cependant pas toujours comparer et relativiser. Cela reviendrait à nier ce que l’Homme est. Ainsi, on ne pleurerait pas car il y a plus malheureux, on ne se plaindrait pas car il y a pire situation… et donc, faudrait-il s’empêcher de rire parce qu’il y plus drôle ailleurs ? Devrions-nous ne pas aimer quand il existe des amours plus forts que le nôtre ?
Alors oui, il se joue des psychodrames dans nos maisons, qui prennent l’ampleur que nous leur accordons.
Et lorsqu’on est parent, les conflits tournent souvent autour des enfants et de l’éducation que nous leur donnons.
Une vision de l’éducation partagée…
Depuis toujours et jusqu’à il y a quelques années, chéri et moi avions la même vision de l’éducation. Nous avions des principes de base : respect, politesse, effort. Et à ce titre, nous étions souvent d’accord sur les punitions ou les leçons que nous donnions à nos enfants. Nous nous soutenions et ne montrions pas nos désaccords. Nous étions unanimement relativement sévères.
Cette cohérence nous a certainement permis d’assoir les bases. Nos enfants sont, de mon point de vue, plutôt bien élevés et nous avons su conserver des liens forts.
… et petit à petit
Avec l’expérience et les années, nous sommes devenus plus laxistes sur certaines choses que je ne vous citerai pas car je n’ai même pas d’exemple en tête. En tout cas, moi, c’est certain, j’ai lâché.
Sur d’autres sujets, chéri est resté dans sa ligne conductrice tandis que j’ai changé.
Quel choix lorsque nous ne sommes pas d’accord ?
J’ai évidemment 2 choix possibles. Soit je soutiens mon mari et je m’oppose aux enfants. C’est ce que je fais quand cela me semble juste mais parfois non. C’est toujours mieux que les parents soient d’accord mais il arrive que ce ne soit pas le cas. Si je me rallie à chéri et que l’enfant résiste, la communication avec ce dernier devient difficile. Obtient-on pour autant ce que l’on souhaite ? Pas forcément. Nous entrons dans des périodes conflictuelles et tous les sujets deviennent pénibles.
Soit je soutiens mes enfants. Lorsque je crois sincèrement que s’opposer est inutile voire contre-productif, je les défends et j’essaie de convaincre mon homme. S’ensuivent des discussions houleuses, des disputes parfois. Et fatalement, si chéri cède, je porte la responsabilité du choix.
Il est plus aisé de se tromper à deux que seule. Si je suis responsable d’une décision et qu’il s’avère que le choix était mauvais, je vais devoir supporter le poids de ma culpabilité ainsi que celui du reproche.
Je pourrais alors me dire qu’il vaut mieux que je me rallie à mon mari. Nous serons deux à assumer. Mais si la décision est également mauvaise, ne m’en voudrais-je pas d’avoir choisi la facilité ?
On dit souvent que le métier le plus difficile est celui de parent et que les problèmes grandissent à mesure que les enfants aussi. Je ne nie pas la difficulté d’avoir des jeunes enfants, j’en ai bavé. Mais il est vrai qu’à l’adolescence, à la veille qu’ils deviennent adultes, nous, parents, avons une pression supplémentaire. Nous voulons qu’ils vivent heureux et pour cela, nous devons leur donner toutes les meilleures chances de mener une belle vie. Leurs choix d’ados peuvent leur sembler légitimes tandis que nous imaginons un avenir plus lointain et que nous nous inquiétons des répercussions de ces choix. Mais comment les amener vers un chemin qui leur conviendrait et nous rassurerait à la fois ?
Aujourd’hui, le drame qui s’est joué dans mon foyer a trouvé une issue. J’ai soutenu mon enfant dans les discussions privées avec chéri et j’ai soutenu mon mari en face à face avec mon enfant. J’ai voulu apaiser, j’ai endossé un des mille rôles de maman : négociatrice. Et non, je n’ai pas gagné puisque je n’avais pas pris de position ferme. Aujourd’hui, c’est mon enfant qui a éteint le feu comme il l’avait allumé. Pompier-pyromane. Le rideau est tombé sur un drame. La pièce est terminé… laissant la place à une prochaine..