La drague d'autrefois

Publié le par Raphaëlle

Nous sommes clairement dans l’ère du virtuel, de la proximité numérique et de la distance physique. La drague 2.0. Aujourd’hui, la plupart des célibataires sont inscrits sur des sites de rencontres et draguent par téléphones interposés. Mais nous, les quarantenaires et plus, nous avons connu tout autre chose…

Les regards timides ou plus insistants, ceux qui semblent presque te déshabiller et qui te procurent des frissons le long de la colonne vertébrale. C’est ainsi que nous manifestions notre intérêt pour la personne qui nous plaisait.

Nous rencontrions physiquement une personne et ce sont nos yeux qui tombaient amoureux les premiers, c’est vrai. Un sourire, un regard, une allure… et notre cœur cognait dans notre poitrine comme s’il voulait en sortir pour se présenter lui-même : bonjour, je suis le cœur de Raphaëlle et j’irrigue ses yeux qui s’écarquillent, ses mains devenues moites, ses jambes flageolantes et son cerveau désormais embrouillé. Enchanté.

Nous pouvions passer du temps à observer sans oser prononcer une parole. La timidité avait toute sa place.

Et il fallait pouvoir la dépasser pour prononcer un mot. Il est tellement plus facile d’engager une conversation à distance ! A notre époque, nous devions dépasser la crainte d’être ridicules et repoussés. La honte de la non réciprocité affichée publiquement.

Et la drague durait plus longtemps. Les émois se vivaient à chaque rencontre. Les espoirs se disputaient aux peurs. Il fallait se dépasser, se mettre en danger… Nous étions exposés, vulnérables.

Et passés les premiers échanges non verbaux, nous devions apprendre à nous connaitre, pas à pas. Alors qu’ont peut désormais se découvrir par messages en quelques jours, peut-être même en quelques heures, nous devions multiplier les rencontres, parfois furtives ou mêmes volées, pour en apprendre un peu de la personne en face.

 

Je suis heureuse d’avoir connu cette façon de faire. Je ne dénigre pas la nouvelle mais je garde de bons souvenirs de ces moments.

Ainsi, je me souviens de mon premier flirt… J’étais paralysée par la timidité. Chaque frôlement, chaque geste de sa part me provoquaient une émotion intense. Et son premier baiser m’a autant surprise que terrassée. Je ne savais pas à quoi m’attendre. J’en suis restée totalement coite et presque fiévreuse. C’était puissant. C’était du concentré de vie.

Mon deuxième flirt a abouti après un cérémonial digne des années 90. Il me draguait aussi ouvertement que possible quand on a 14 ans. Et si ses intentions étaient claires, je restais une nouvelle fois paralysée par la peur de vivre des moments forts que je ne savais pas vraiment gérer. Puis il m’a invitée au cinéma… Nous étions si gauches !

Il s’installait à côté de moi en cours ou me retrouvait dans le CDI. Et lorsque nous rentrions chez nous, nous n’avions que nos souvenirs et notre imagination pour rester proches.

 

Et puis chéri… Quand je l’ai vu pour la première fois, mon cœur s’est presque arrêté de battre. Je suis tombée amoureuse au premier regard. Littéralement. J’en ai eu le souffle coupé.

Mais nous ne faisions pas partie du même groupe. Il me fallait oser un rapprochement physique pour attirer son attention. Je devais sortir de ma zone de confort, sans parachute. Exposée totalement.

A la première occasion, j’ai rejoint son groupe. Il m’avait déjà vue je pense. Et quand j’utilise le verbe voir, je veux dire que j’existais déjà à ses yeux. C’est donc naturellement que nous nous sommes rapprochés. Il a joué au fanfaron en utilisant des phrases comme « vous habitez toujours chez vos parents ? ».

Il m’a fait rire. Il m’a ouvert un peu de sa vie et de son cœur. Dans la réalité, la vraie vie.

Puis nous avons connu la distance. Et c’est dans la distance physique que la drague d’aujourd’hui permet des rapprochements. En 1992, nous nous écrivions. Nous nous envoyions des lettres. Rarement, nous nous appelions. La distance, autrefois, a inventé l’adage : loin des yeux, loin du cœur.

 

J’ai conservé toutes ses lettres qui sont autant de messages indélébiles et je garde en moi les souvenirs de mes émois, de mes frissons, de mes peurs.

La drague, autrefois, ça avait du style quand même ! J’imagine bien que ça existe toujours sous cette forme mais pour ceux qui ne la connaissent pas ainsi, je leur souhaite de faire des rencontres physiques, fortuites, au hasard de la vie réelle.

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