Gender reveal... à l'heure du dégenrement...
Voilà un moment que ce sujet me trotte dans la tête. Evidemment, j’arrive après Seeyouson qui a déjà fait un article sur les dérives et la surenchère de l’événement.
Au départ, il ne s’agit que de faire une fête pour annoncer le sexe de l’enfant. Pourquoi pas. Je ne suis pas la dernière à dire que toute occasion est bonne pour faire la fête. J’ai moi-même fêté moult fois mes 40 ans, j’invite parfois pour Halloween, j’ai organisé les 70 ans de mes parents…
J’avoue cependant être dubitative lorsqu’il s’agit des baby showers et des gender reveals.
Le sens de la fête
D’abord, je ne m’y retrouve pas vraiment. Non pas que fêter l’arrivée d’un enfant soit absurde ou exagéré. Qu’y a-t-il de plus beau et plus heureux qu’une naissance ? Mais je ne me reconnais pas dans ce genre d’événements qui sont très « américains » à mon goût. Et peut-être même très « bourgeois américain ».
Je ne juge pas, je vous donne simplement mon ressenti. Les images qui s’installent dans ma tête à l’évocation d’une baby shower sont très futiles voire fausses. Des cris, de l’extravagance, une profusion de nourriture et de couches… Ce sont des extraits de séries américaines. Ça ne me ressemble pas.
J’imagine cependant que, dans la vraie vie des vrais gens, il y a davantage de sincérité.
Et la nouvelle arrivée, la Gender Reveal, n’a rien à envié à sa sœur aînée. Il faut suivre les réseaux sociaux pour s’en rendre compte. Une mise en scène plus élaborée que le bal du Titanic, des ballons de baudruche en veux-tu en voilà (et j’avoue que sur ce sujet très précisément, j’ai développé une aversion. Comment peut-on encore utiliser autant de ballons quand on sait à quel point ils ont une courte vie et une longue mort ? La planète est certainement de mon avis) et des moyens de dévoiler le sexe tous plus fous les uns que les autres. Partis du gâteau rose ou bleu, on arrive à des feux d’artifice colorés, des énormes ballons (encore eux) remplis de confettis et, celle qui a fait dernièrement le buzz, la coloration d’une chute d’eau.
Une fête en bonne compagnie, avec les proches, pourquoi pas ? Mais cette débauche de tout et, qui plus est, affichée sur les réseaux, je dis non. Le but semble davantage de faire des vues et des likes que de vivre un moment fort et sincère.
La controverse
Ce qui me chagrine le plus, au-delà de cet effet de mode et de cette surenchère, au-delà de la forme, c’est le fond. Notre société marche sur la tête.
Aujourd’hui, on révèle le sexe de l’enfant avec du rose ou du bleu et, dans le même temps, parler de genre est tabou. Il ne faut plus élever les enfants comme autrefois. Il faut dégenrer notre éducation. On peut même se faire reprendre si on utilise les mots « homme » ou « femme », « monsieur » ou « madame » et, en parallèle, on assiste à une multiplication des gender reveal.
Education non genrée
J’ai déjà évoqué le sujet. Je ne suis pas entièrement d’accord avec ce concept. Les taches et les métiers n’appartiennent pas à un genre, je suis tout à fait d’accord. Une petite fille peut bien se déguiser en pompier et un garçon jouer à la dinette. Je crois que c’est bien ancré dans les mœurs désormais. Cependant, l’homme est souvent plus fort physiquement, ainsi l’a doté la nature, et la femme est celle qui mettra l’enfant au monde. C’est de la biologie. Rien d’insultant.
Genre indéterminé
La plupart des humains naissent féminins ou masculins et la plupart resteront en harmonie avec leur sexe physique. Dans ces cas-là, la gender reveal n’est pas totalement dénuée de sens. Mais qu’en est-il de l’enfant qui ne se sent ni l’un ni l’autre ? De celui qui changera de genre ?
L’événement qu’auront organisé ses parents ne marquera pas sa vie, je suppose, mais il sera a posteriori presqu’une insulte ?
Et pourquoi se réjouir de découvrir une fille ? Ou un garçon ? Se réjouit-on autant de l’un ou de l’autre et pourquoi ? Et si l’un des parents est déçu, doit-il faire semblant devant tout le monde ou peut-il le montrer ? Car ça aussi c’est tabou d’être déçu à l’annonce du sexe. Tu connais la phrase « le plus important c’est qu’il soit en bonne santé… » ? Elle cache souvent une petite déception parce qu’on a toujours rêvé d’avoir une fille et qu’on a un garçon ou parce qu’on s’est toujours imaginé entourée d’enfants des 2 sexes et qu’on attend encore une fille…
Et si on est content quel que soit le sexe, à quoi bon en faire tout un événement ?
Je me pose peut-être trop de questions, je vous l’accorde. Mais le décalage entre ces révélations à l’organisation démesurée et la tendance à dégenrer m’interroge.
Vous êtes-vous déjà posé la question ?