C'est de saison : Mon humeur automnale
Je n’ai pas vu passer l’été, ni l’année. Je n’ai pas vu passer non plus la dernière décennie ni même celle d’avant. Où est passé le 20ème siècle ? Le temps file. Et je n’ai pas vu arriver l’automne.
Il est pourtant bien là. Il semble s’être installé avant l’heure. Laissera-t-il un peu de place à l’été trainant ?
Les jours rallongent depuis 3 mois déjà. Mon réveil est désormais plus matinal que le soleil. Lorsque je lève les volets, la chambre demeure dans la pénombre. C’est un petit vent plus frais qui vient me secouer gentiment. Qui a envie de sortir du lit avant que le jour ne se lève ?
L'avantage, c'est qu'il me devient possible d'observer le soleil quand il se lève à son tour. Courir en admirant l'astre naissant, c'est plutôt agréable.
L’automne, c’est la rentrée. Le renouveau… des routines et du métro-boulot-dodo. Il rimait autrefois, dans ma jeunesse en Bretagne, avec pull et manteau. Il était gris, enveloppant et humide.
A Bordeaux, il est humide aussi mais lumineux souvent. Je ne me lasse pas du jeu des rayons dans les branchages, de la douce luminosité et des feuillages rougis. C’est une belle saison pour des photos tendres. Je vous en partage quelques-unes…
L’automne, ce sont des résolutions qu’on ne tiendra pas plus qu’à la nouvelle année. Ce sont de nouvelles habitudes : un nouveau trajet, des matières nouvelles, un horaire de sport différent… On réapplique les beaux principes qui s’étioleront au fil des mois. On prend une grande respiration, comme si on allait devoir affronter la nouvelle année scolaire en apnée, et on se lance dans la folie de la vie.
L’automne, c’est le grand frère de l’été. Un peu moins fou, un peu plus doux. Il t’autorise encore à profiter de la nature mais te rappelle néanmoins que le temps des jeux et de l’insouciance est terminé. Il pleut sur tes vitres et secoue les arbres pour qu’ils pleuvent à leur tour leurs feuilles dorées, orangées, brunes. C’est comme si, trop brûlées par le soleil, elles se blottissaient, se tapissaient au sol les unes contre les autres, loin du soleil.
L’automne, c’est halloween. On ne le fête pas chaque année. Mais quelquefois, j’en ai une furieuse envie. L’occasion de réunir et de rire est trop belle. On en ressent parfois le besoin. Alors je sors la décoration sinistre, j’habille le salon de toiles d’araignées et j’invite les amis.
L’automne, c’est la saison de numéro 3. Elle fête son heureux anniversaire le 30 novembre. Novembre a des allures d’hiver, il est pourtant aussi automnal qu’octobre. Elle reçoit ses amies à l’intérieur et fait une liste de cadeaux avec 2 colonnes : Noël n’est pas bien loin.
L’automne, c’est un échauffement avant la saison suivante. Un refroidissement plutôt. Un avant-goût de l’hiver qui nous mange tout entier. On ressort les plaids et la grosse couette. On apprécie la chaleur du foyer en écoutant tomber la pluie. Et on râle quand il faut l’affronter.
Les enfants se réjouissent d’enfiler leurs bottes et de se pavaner avec leur parapluie. Enfin, seulement les petits. Les grands enfants râlent, eux !
En fait, l’automne, peu l’espèrent ou l’attendent. Beaucoup le subissent. Il n’est pas franc comme l’été ou l’hiver. Il n’est pas ressourçant comme le printemps. C’est la saison dont on se passerait mais par laquelle on doit bien passer.
Voici l’automne. Je n’étais pas prête mais il s’en moque bien. Je vais essayer de l’accueillir poliment. Je vais aimer ressortir mes pantalons et recommencer à préparer des soupes. Et comme l’été avant lui et l’année aussi, comme la décennie précédente et celle d’avant, et comme le siècle dernier, l’automne passera. Vite. Et laissera sa place à mon humeur hivernale.