Quelle autorité sur des enfants majeurs?
L’autorité… C’est le premier mot de mon article et il me pose déjà question. Je me demande si ce terme est encore autorisé dans le concept d’éducation bienveillante ? Je ne souhaite cependant pas en débattre ici et maintenant. Dans l’éducation que j’ai reçue et que je donne, l’autorité du parent sur l’enfant existe. Et elle n’est pas ce qui a de plus simple à imposer.
Chéri et moi avons toujours exercé naturellement une certaine autorité sur nos 3 numéros. Nous détenons le savoir, les codes, nous connaissons l’enjeu d’une éducation solide et nous avons donné à nos enfants une place d’enfant. La place de celui qui apprend auprès de celui qui enseigne.
Bref, l’autorité n’a jamais été un réel problème à la maison. Ils l’ont parfois défiée, mécomprise, rejetée mais ils l’ont le plus souvent respectée et, pour en discuter avec eux sur le moment ou plus à distance, ils semblent en saisir le fond.
Néanmoins ils grandissent. Avec les années, ils comprennent mieux, certes, mais ils approchent aussi de l’âge où nous ne serons plus que conseils. Nous pourrons éternellement leur susurrer à l’oreille nos suggestions, nos doutes. Nous pourrons être encore, et j’espère le rester, des piliers, des phares pour les moments d’incertitudes qu’ils ne manqueront pas de traverser. Mais nous ne serons plus l’autorité comme dans leurs jeunes années. Comme le sont nos parents pour nous !
Et la question se pose : à partir de quand ne sommes-nous plus figures d’autorité ? Comment poursuivre notre œuvre quand ils atteignent la majorité ?
Je me suis posée cette question en 2021, quand Maëline courait vers ses 18 ans. Je me suis demandée si notre relation allait changer. Pourrais-je encore lui imposer ceci ou cela ? Lui interdire ou l’autoriser ? Devais-je désormais la laisser faire ce qu’elle voulait ?
J’ai eu quelques jours de flottements. Heureusement, numéro 1 est une jeune fille raisonnable qui ne m’a pas défiée. Elle ne s’est pas levée ce matin du 24 mars en imposant sa liberté de faire. J’ai donc eu un peu de temps pour m’ajuster.
Et voilà ce que j’en ai conclu : toute majeure qu’elle était, elle n’avait qu’un jour de plus que la veille. Elle dépendait encore de nous pour vivre et logeait toujours sous notre toit. J’ai donc décidé que j’avais encore autorité sur elle. Ou, plus exactement, que je pouvais encore lui imposer certaines choses. C’est d’ailleurs elle qui a eu du mal à s’émanciper : elle nous demandait toujours l’autorisation d’aller à droite et à gauche. Nous lui avons simplement dit qu’elle devait nous prévenir. Si nous avions une objection pour quelque raison que ce soit (un dîner de famille, besoin de son aide…), nous le lui disions. Dans le cas contraire, elle pouvait aller à sa guise à la condition de respecter nos règles. Des règles simples et de savoir-vivre comme ne pas conduire si elle a bu, prévenir si elle ne rentrait pas, travailler, respecter les horaires…
Avec numéro 2, c’est un peu différent. Bien qu’il respecte nos règles, il a tendance à se comporter comme si nous étions au même niveau. Dans la mesure où il vit toujours chez nous et qu’il dépend de nous, nous lui rappelons à l’occasion que nous restons les parents et donc, malgré tout, l’autorité en la demeure. L’équilibre est plus précaire mais nous avons la chance d’avoir à faire à un jeune homme intelligent qui, bon gré mal gré, s’accommode de la situation.
Et quand ils quittent le nid ? Eh oui, l’affaire était assez facile quand nous étions fournisseur de tout et notamment du gîte et du couvert. Numéro 1 est partie alors qu’elle n’avait que 19 ans. C’est tellement jeune ! C’était déjà une jeune fille mâture et quand elle a volé de ses propres ailes, à plusieurs centaines de kilomètres de la maison qui plus est, nos rapports ont évidemment changé. Ils font alors leurs propres choix, qu’on approuve ou non. Et c’est là d’ailleurs qu’on voit si l’éducation que nous leur avons offerte porte ses fruits.
Cependant, il m’est arrivé de penser qu’elle se trompait et j’avais alors 2 choix : la laisser faire ou la guider encore. Qu’ai-je fait ? Les 2, pardi ! Je n’interviens pas dans sa vie mais quand elle est à la maison et que je crois que je peux lui apporter une contribution utile, je prends mon courage à deux mains (car il m’est nettement plus difficile de lui dire les choses aujourd’hui. J’ose bien moins) et j’en discute avec elle. Je ne lui impose rien mais je lui expose mon point de vue. Elle écoute. Elle en fait bien ce qu’elle veut ensuite.
Etre maman d’enfants adultes, c’est une autre affaire ! Heureusement, il me reste numéro 3 : pas de questionnements, si j’ai quelque chose à dire, je le fais. Et puis dans 4 ans, quand elle aussi soufflera ses 18 bougies… je serai peut-être grand-mère et je découvrirai encore un autre rôle !